David a remporté ce weekend l’épreuve ‘Le Dernier Homme Debout’ un trail par élimination sur les bords de Sèvre, avec une distance de 142 kilomètres en à peine 19 heures. Sa discipline favorite est pourtant le raid multisports par équipe. Le point commun, c’est le mental, un atout de poids pour cet endurant, commercial dans la vie. La course se terminait dimanche au petit matin ; le lundi il était à son travail ; un peu moins frais qu’à l’habitude, peut-être plus souriant ?
Ce trophée a beau être pour lui une grande satisfaction, David ne pense pas que ça va changer son statut d’ultra coureur. « C’était un défi lancé entre amis. Je ne pensais pas pouvoir jouer la gagne ». Il lâche ses deux derniers adversaires dans la dix-huitième boucle. « Je pensais en avoir terminé, mais le règlement indiquait que le dernier homme debout, doit faire un tour complet seul. J’ai remis le mental en ordre de marche ». Et les jambes. Un exploit qu’il ne surjoue pas non plus. « Une course comme celle-ci, c’est douze semaines de préparation avec trois ou quatre entraînements par semaine ». Son agenda sportif est dicté par ses contraintes familiales et professionnelles. « Comme je m’entraîne seul, l’organisation est plus facile. Je m’y tiens ».
L’effort de longue distance, il connaît. « C’est le corps qui parle avec des hauts et des bas. Il faut se préparer psychologiquement. Les coups de mou peuvent durer de quelques minutes à une demi-heure ». Son mental de compétiteur est son carburant. « Il faut gérer en attendant que le second souffle arrive, avant un possible autre coup de bambou. Soit tu en as assez et tu arrêtes, soit tu trouves la ressource pour pousser un peu plus loin ». Ses performances pourraient décourager les joggers du dimanche. « J’ai commencé avec le trail des Templiers (76 kms), le grand raid des Pyrénées (127 kms) ou la H.O.T. du Père Noël aux Herbiers avec 133 kms. En multisports, j’ai couru 96 heures dans les Alpes avec notre équipe de 4 coureurs, sur le principe de l’orientation avec plusieurs disciplines : course à pied, roller, VTT, canoë, escalade ».
Lui qui est de nature hyperactive trouve ainsi le moyen de canaliser son énergie. « Se faire un peu mal, c’est un sentiment de vie, un mélange de sensations et d’émotions : la fatigue, la douleur, puis le partage avec les autres coureurs ». Il aime cet exercice solitaire. « Au départ c’est l’évasion. Puis quand ça devient dur, je me raccroche en pensant à tous ceux qui me sont chers. Sur le circuit ce weekend, il y avait une association qui soutenait les enfants malades. C’est aussi dans de tels moments que je mesure ma chance ».
L’optimisme est chez lui un parti pris. « Quand on me demande si ça va, je réponds toujours : très très bien. Je considère qu’il y a toujours plus malheureux ». Lui qui fait dans le consensus déplore les comportements excessifs. « On est déjà plutôt favorisés en habitant en France. Je préfère le juste milieu aux excès.
Le premier confinement ne lui laisse pas que des mauvais souvenirs. « Ici, entourés de nos familles et de nos amis, on ne s’est pas sentis isolés. Les promenades avec les enfants, faire ce qu’on n’a pas le temps de faire en temps normal, c’était bien ». Les instants en famille le remplissent de bonheur. « Les enfants, ça n’a pas de prix ! Ça bouleverse ton organisation, mais c’est aussi un facteur d’équilibre. Surtout pour moi où tout jeune, tout était planifié autour du sport, du vendredi au dimanche ».
Comme pour les compétitions, sa vie connaît des hauts et des bas. « Je pense souvent à ceux qui nous ont quittés trop vite, mon père, mon grand-père. Ce sont des épreuves qui te rendent plus fort, peut-être un peu plus dur. Je garde les bons souvenirs, tous les moments passés avec mes grands-parents. Mon grand-père footballeur, était un passionné de sport. Il m’emmenait aux matches et aux courses de vélo. C’est lui qui m’a transmis le goût du sport, c’est sûr. C’est pour lui rendre hommage que j’ai commencé le vélo. Ma grand-mère est comme moi, un peu aventurière. J’aime bien ce côté casse-cou. Et puis ma maman, de loin ma première fan, qui me suit depuis mes débuts dans la compétition. Le sport et l’aventure réunis, c’est un peu moi aujourd’hui ».
Saint-Prouant est le berceau familial, y compris celui de sa compagne Fanny. David est commercial chez Sodebo. « Ma vie repose sur le trépied famille/sport/boulot. Si l’un des trois flanche, je perds un peu l’équilibre ». Son travail lui apporte beaucoup de relations. « J’ai eu la chance d’échanger avec le skipper Thomas Coville. C’est un aventurier, comme Mike Horn, dont les exploits me font rêver. Je côtoie aussi beaucoup de chefs d’entreprises, des aventuriers dans un autre registre. Pour moi, ce petit monde se rejoint ».
Autre moment de détente non négociable pour David, ce sont les amis. « Je suis également investi dans Chantonnay Raid qui organise différents événements ». Il n’arrête pas de courir en somme. « Heureusement que ma compagne travaille à temps partiel, pour les enfants. Ils apportent la quiétude nécessaire à un hyperactif de ma trempe ». En rentrant du « Dernier Homme Debout » dimanche matin, il avait prévu faire halte pour leur ramener quelques viennoiseries en plus du trophée. « J’ai été interpellé par une journaliste. Du coup, leur petit déjeuner était déjà avalé ». Personne ne le lui a reproché !
Bravo et félicitations pour cet exploit