C’est son parcours professionnel qui a amené Nadège dans cette commune du Sud Vendée. Elle est assistante sociale en milieu scolaire et intervient dans trois collèges publics. Sa mission est de mettre à disposition des enfants les leviers pour leur propre futur. A ses yeux, l’école reste une formidable ouverture sur le monde. Avec ses limites. Le harcèlement est le sujet sensible, amplifié et accéléré par les réseaux sociaux. La parole libérée des enfants reste la meilleure parade.
Cette Rochefortaise née à Angers cherchait sa voie, sans trop savoir, sensible aux sciences humaines. « Je me suis lancée dans une fac de psycho. Ça m’a plu, sans être totalement convaincue. J’ai eu envie de faire les concours qui amenaient plus rapidement à un diplôme. C’est comme ça que j’ai fait le concours d’assistante sociale ». Lorsqu’elle le décroche en 2009, son ami, Guillaume, est lui sur le point de s’envoler vers la Nouvelle Calédonie pour une année. « Je l’ai suivi et c’est là-bas que j’ai eu mon premier poste d’assistante sociale ». Au retour, Nadège reprend contact avec des gens qu’elle a côtoyés dans ses stages, en milieu scolaire principalement. « J’avais un pied dans l’Education Nationale ; je suis allée là où les postes étaient libres. En Mayenne tout d’abord. Puis quand des postes se sont ouverts en Vendée, j’ai postulé ». Le jeune couple s’acclimate à son nouveau cadre de vie. « La forêt n’est pas loin, l’océan non plus. Le milieu rural nous convient ».
Elle apprécie la diversité de son travail. « L’accompagnement revêt des formes variées : des enfants avec des difficultés personnelles ou familiales. Il y a aussi un public allophone qui doit trouver ses repères. Tout ça contribue à une diversité dans les classes qui offre une belle ouverture sur le monde. Réussir sa scolarité, c’est avoir demain la liberté de choisir son travail. Ça vaut le coup ! Ce n’est pas une majorité, mais il y a des familles qui sont éloignées du système scolaire, qui n’osent pas rentrer à l’école. Mon boulot, c’est aussi de faciliter les passerelles avec ces familles ».
Le comportement des enfants évoluent-il ? « Il y a plus d’attention envers les enfants qu’à l’époque où j’étais scolarisée. On les invite à s’exprimer pour dire ce qu’ils pensent, ce qui nous amène à nous remettre davantage en question peut-être. Je trouve que les enseignants sont très ouverts ». Et les parents ? « L’école est une source d’inquiétude pour certaines familles. Cela peut créer des tensions. Il faut essayer d’avancer autrement qu’en se braquant. C’est essentiel, et dans l’intérêt des jeunes que nous accompagnons ».
Pas plus que ne l’est la question du harcèlement, « La rapidité de propagation sur les réseaux sociaux est fulgurante. C’est déroutant parce qu’on n’a pas la main. Le collège est la période où les jeunes accèdent à ces outils. Il y a cette fausse impression que l’écran protège de tout…La violence des mots est parfois surprenante, notamment quand on discute avec les jeunes après-coups, et qu’ils prennent conscience de la portée de leurs propos. Notre rôle est de libérer la parole pour que les victimes ne se sentent plus isolées. Bien connaître les élèves permet de détecter plus vite des situations préoccupantes ». La question du harcèlement est surtout de savoir l’identifier, mais aussi de la distinguer des conflits entre jeunes.
Un métier qui sollicite pas mal d’énergie pour tout le personnel éducatif. « En rentrant à la maison, avec mes deux enfants, j’éprouve le besoin d’un peu plus de légèreté ». La naissance de ses deux garçons est naturellement le fait marquant de la jeune maman. « On ne peut plus penser qu’à soi. J’aime partager des activités créatives avec eux ». Le confinement a eu au moins cet avantage de pouvoir leur consacrer plus de temps. « J’ai tellement apprécié que depuis j’ai pris un 80% pour être avec eux le mercredi. J’ai le sentiment de moins courir ».
Cinéphile, elle dispose de moins de temps pour aller au cinéma. « J’arrive à voir quelques films récents ». Elle adore regarder le sport à la TV. « Plus jeune, on suivait le sport en famille ; on regardait Téléfoot. J’aime les sports collectifs. En fait, je suis curieuse de pas mal de choses ».
Son regard sur la société est d’un optimisme raisonné. « Les jeunes sont conscients des enjeux et ils feront preuve d’adaptabilité ». La question du climat la préoccupe. « J’essaie de regarder plutôt les actions entreprises par plein de gens pour que les choses s’améliorent. Est-ce que ce n’est pas trop tard ? ». La politique ? « Je me mets en retrait, ce qui ne m’empêche pas de m’informer à travers les journaux et de voter le moment venu ». En dehors du sport sa télé n’est pas souvent allumée. « Je ne veux pas que mes enfants voient ces images au quotidien ».
La complicité avec ses enfants suffit à son bonheur. « J’apprécie les moments en famille, les retrouvailles avec les amis. J’aime les moments simples ». Un beau souvenir ? « Noël 2009 sur l’île des Pins en Calédonie, au soleil, avec un bonhomme de sable. Se sentir à l’autre bout du monde et penser aux siens ». Une victoire ? « Ado j’étais timide. Mon parcours m’a amenée à aller de l’avant. Je suis beaucoup plus à l’aise pour aller vers les autres ». Prendre l’avion pour la Calédonie était une première pour elle. « Je me suis rendu compte qu’en osant faire des choses, on peut se surprendre à réaliser des projets auxquels on ne songeait même pas. Ça me donne envie d’oser davantage. Et quand on est un peu fière de soi, il faut le dire aussi ! ».
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