Cet explorateur fait de la musique sans savoir lire une partition, du journalisme sans avoir fait une école ad hoc. Pourtant l’aventure Demain-Vendée qu’il impulse avec son équipe ragaillardit et trouve un public de plus en plus large. Une prise de conscience à portée de main, un écheveau de réalisations inspirantes et positives, avec l’humain au centre des attentions. Ce média, réceptacle et incubateur de bonnes idées, est le fruit d’un questionnement personnel pour Frédéric qui, autour de la quarantaine, claque la porte de l’industrie mécanique pour prendre le temps de mieux observer le monde vivant qui l’entoure.

Son parcours débute dans la technique où il restera 15 ans. Fred apprécie la relation clients, notamment à l’étranger. Il mène son petit bonhomme de chemin, fonde sa petite famille avec sa compagne, leurs deux enfants. « Au fond de moi, il y a un truc qui me dit que je ne suis pas à ma place dans mon boulot, non pas que j’y sois mal, mais ce n’est pas la banane ». Depuis longtemps il est animé par un questionnement sur le monde qui l’entoure, amplifié à l’âge de 25 ans lorsqu’il perd sa maman. « Quelques années après, entre 30 et 40 ans, cette curiosité s’est accentuée. J’essayais de comprendre les rouages de la société, quitte à scruter l’envers du décor, regrettant d’avoir si peu de prise sur les choses qui me perturbaient ».  La lecture de ‘Semeur d’espoirs’ de Pierre Rabhi agira comme un premier révélateur. « Le deuxième gros déclic, c’est la projection du film ‘En quête de Sens’. Ça m’a donné envie de jouer ma partition, l’envie de faire ma part, conforté par les cafés rencontre ou les ciné-échanges que nous organisions avec le groupe local Colibris sur les Herbiers ». Le changement de regard se précise, les connexions se multiplient entre acteurs en proie aux mêmes prises de conscience.

L’idée de créer un média germe assez rapidement à l’été 2016. « Comment rassembler et mettre en lumière les actions positives au service de l’humain et du vivant d’une façon plus générale ? On voulait une tonalité inspirante centrée sur la notion du sens ». Un état d’esprit ouvert qui parle au plus grand nombre. « De plus en plus de personnes prennent conscience du dérèglement d’un système en fin de cycle. Je me souviens de notre soirée ‘résilience’ à la Roche qui rassemble 400 personnes avec des profils différents. L’homme s’est cru puissant avec le développement des sciences jusqu’à ce qu’un virus nous rappelle notre vulnérabilité ». La conférence d’Eric Julien sur les indiens Kogis, gardien de la planète agit pour lui comme un électrochoc. « Quand ils nous observent dans cette course frénétique à toujours plus consommer, ils s’interrogent sur notre santé mentale et émotionnelle ». Fred est confiant. Il n’aime pas ce qui est clivant. « Il ne s’agit pas de savoir qui a tort ou raison. Il vaut mieux mettre la lumière sur les ponts qui se créent entre les différents acteurs : agriculteurs, enseignants, entreprises porteurs de projets et collectivités locales »

Demain-Vendée se donne trois missions : Inspirer, relier, soutenir. Tout d’abord un journal papier imprimé à 3000 exemplaires chaque trimestre, répartis sur 250 points de vente, parmi lesquels certains sympathisants peuvent vendre jusqu’à 75% des numéros, des chiffres supérieurs aux normes de la presse. « C’est aussi un web-média avec des vidéos, qui compte déjà 150.000 visiteurs uniques, un ‘réseau’ qui compte 130 structures inscrites et puis il y a les écoles qui accueillent nos ateliers autour de l’info locale positive ». On trouve le journal dans des entreprises, en salle de pause, l’occasion de déclencher de beaux échanges entre salariés. Fred balaie d’un revers ceux qui ne verraient dans son média qu’une énième vision utopique de la société. « Nos reportages suivent à peu près ce questionnement : la problématique, l’action entreprise, en quoi l’initiative répond à la problématique. Demain-Vendée est un contre-pied aux médias traditionnels souvent anxiogènes, dans l’idée que les citoyens se réapproprient la question de l’information et s’inspirent ».

La musique occupe une place privilégiée dans la vie de Fred. « Je ne lis pas la musique mais la mélodie m’inspire. J’ai toujours aimé la musique de films à travers l’émotion qu’elle dégage ». Il aime être au contact de la nature et des siens. Ça le ramène à ses parents. « Pour eux, le service rendu à l’autre a été omniprésent. Maman prenait soin des plus vulnérables, animée par ses convictions religieuses pour ce qu’elles ont de bon ». Il évoque la maladie dont elle a souffert. « La dépression fait partie des maladies pas bien comprises, mal prises en charge par le chimique, les médicaments comme le veut une société pragmatique ». D’une certaine façon, il a le sentiment de prolonger son action. « Cela me peine de voir des jeunes en perte de repères. Ce n’est pas si simple d’apprendre à connaître ses talents. Pour ma part, j’aurais pu passer à côté s’il n’y avait pas eu un certain nombre de déclics. C’était comme un tapis rouge qui se déroule depuis le jour où j’ai écrit le projet Demain-Vendée. Ça procure de la confiance, de l’enthousiasme, de l’énergie ».

Son activité l’amène à multiplier les rencontres. « Chaque semaine je crée de nouveaux liens ; j’acquiers de nouvelles connaissances. C’est un maillage sain, déjà un pas dans le monde de demain ». Il apprécie son territoire. « Un concentré de spécificités humaines, historiques, géologiques, et une belle entraide entre les acteurs ». Un territoire connecté avec le monde. « Donc nous sommes, aussi, vulnérables. L’histoire n’est qu’une suite de régénérations. L’avenir reste une terre à explorer, avec ses incertitudes. Sans être idéaliste, je suis confiant ».

Il conclut en musique. « C’est comme des fréquences. Si chaque humain joue sa note, on crée une harmonie qui nous permet d’aller vers le beau. Chacun trouve sa place, voit le beau en l’autre. Ces notes s’ajoutent et du coup cela donne une symphonie ; c’est la quintessence ».

 

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