Celle qui a connu le monde des paillettes apprécie aujourd’hui la tranquillité de son village d’Avrillé, à quelques encablures de la mer. Pascale Morizur était choriste de Sylvie Vartan, et de Johnny Hallyday lorsqu’il faisait des émissions de télé. Son mari, René Morizur, saxophoniste, accompagnait Johnny. Autant dire que chez les Morizur, Smet on le connait bien.

Pascale est née à Paris, d’un papa parisien et d’une maman ukrainienne. « Ils ont connu une très belle histoire d’amour. Ils se sont rencontrés dans un camp de déportation et se sont fréquentés. A leur libération, mon père est rentré ici et ma mère rentrait chez elle près de Kiev. Son village avait été brûlé, elle n’a jamais retrouvé ses parents. Comme elle avait l’adresse de mon père, elle a pris son baluchon pour venir à Paris ». Ils donneront naissance à trois enfants.

Sans savoir précisément ce qu’elle voulait faire, Pascale quitte le domicile parental alors qu’elle a à peine 18 ans. « J’aimais les relations publiques, le journalisme ». Elle intègre l’ISFJ qu’elle abandonnera au cours de la troisième année. « Mes parents payaient mon loyer, je devais me débrouiller pour le reste ». Elle bifurque alors pour le mannequinat. « J’ai de très bons souvenirs avec les belles maisons de cette époque : Chanel, Salvatori, Courrèges. Les études sont passées un peu à la trappe parce que je gagnais très bien ma vie ».

Elle rencontre l’homme qui allait devenir son mari, trésorier d’une grande banque. « Nous nous sommes mariés, puis je suis devenue maman ». Le ménage se sépare quatre ans plus tard. « J’ai dû reprendre des études à la Fac. Une amie qui était attachée de presse, surbookée, me propose de l’aider. Je découvre ce métier en travaillant pour un peintre. Puis rapidement j’ai eu la charge d’un gros dossier avec le monde animalier. Je travaillais pour toutes les expositions félines, canines, etc. Je participais à l’émission hebdomadaire TV Caroline sur la 3 en faisant la promo des manifestations à venir. Je côtoyais Bougrain-Dubourg ou le fils Pelat. Nous tournions des films dans une ancienne locomotive à charbon. Les producteurs raffolaient de ces sujets prêts à l’emploi ». Elle fera ce métier 15 ans.

Entre-temps, Pascale épouse René Morizur, le célèbre saxophoniste de Johnny Hallyday. « Mais je connaissais Johnny depuis l’âge de 18 ans, l’époque où j’étais vestiaire au Golf-Drouot, la première discothèque rock de Paris qui a vu défilé toute l’époque yéyé. Lorsque je le retrouve en compagnie de René, il me dit : « qu’est-ce que tu fais là » ? ». Pascale avait hérité de sa maman une belle voix, remarquée par le chef d’orchestre de Sylvie Vartan. « J’ai pris des cours pour placer ma voix pendant trois mois. Je me suis retrouvée choriste de Sylvie. J’ai également accompagné Dick Rivers ». Lorsqu’il y a un creux, elle poursuit son métier d’attachée de presse.

Pascale n’a pas fait de tournée avec Johnny. De son côté, René l’accompagnera une douzaine d’années. « Johnny était quelqu’un de simple. Je me souviens d’un soir où il est venu chez moi. Il me demande un boudin purée, un truc qu’il ne mangeait pas au restaurant. Il aimait les gens. Pourtant il a été harcelé. Dès qu’il était aperçu, les gens accouraient. La rançon de la gloire comme on dit. C’était éprouvant pour lui. Il n’était plus Jean-Philippe Smet ; il ne s’appartenait plus. Avec René, nous l’appelions Smet ; il adorait, et lui nous appelait les Morizur ». Pascale se souvient des astuces pour déjouer l’attention des fans, avec lui, mais aussi avec Dorothée que René Morizur a accompagné. « Même à la maison, nous avons eu des tags, plutôt amicaux, et René était suivi…alors Johnny, vous imaginez ! ».

Pascale se souvient des multiples attentions de l’idole des jeunes, à son égard, comme à celui de la mère de René. « J’ai accepté une émission de télé alors que je venais d’être opérée. Il est venu me remercier aussitôt l’émission. Avec la mère de René, comme avec toutes les mamans de musiciens, il les faisait asseoir près de lui au restaurant. C’est un bourgeois qui avait du langage. Jamais je ne l’ai entendu dire une grossièreté ». Lorsque Johnny s’arrêtait des périodes assez longues pour le cinéma, René jouait pour Bill Deraime, et parfois les dates de concerts se télescopaient. « René prévoyait un remplaçant, mais Johnny n’aimait pas trop ».

Pascale conserve les bons souvenirs de cette époque. « Le showbiz, c’est comme partout, avec des gens bien et d’autres moins. René est parti il y a douze ans, d’une rupture d’anévrisme. J’ai gardé des contacts sincères avec la plupart de ses amis. Une amitié solide. Par contre, je n’ai plus de relations avec Sylvie Vartan ».

Johnny fera le choix plus tard de s’entourer de musiciens américains. « Nous n’avions pas d’animosité à son égard. C’était son choix professionnel. René l’avait déjà accompagné une grande partie de sa carrière. Il a tourné alors avec Dorothée et je partais avec lui. Avec Herbert Léonard aussi. Nous avons visité beaucoup de pays ».

En 1997 les Morizur découvre la Vendée en venant chez des amis. « Nous y achetons une résidence secondaire qui deviendra principale quelques années plus tard et de nombreux Paris/Poiroux, Poiroux/Paris. Moi qui suis parisienne je voulais venir en province quand lui le provincial n’en avait plus que pour Paris ! ». Dix ans plus tard, le couple choisit de partir dans le Var, histoire de se rapprocher de la fille et de la petite fille de Pascale. « Les vendéens sont plus sympathiques, et comme j’étais seule à présent, je décide de revenir ici, dans une nouvelle maison ».

Pascale sera correspondante de presse quelques mois, avant que le directeur départemental du quotidien lui propose un poste plus important. « Moi qui avais commencé par une formation de journaliste, ça s’est concrétisé sur le tard » sourit-elle.

Aujourd’hui elle n’est pas du tout nostalgique. « J’apprécie complètement ma vie d’aujourd’hui. Je fais des tableaux, des tas de choses de mes mains. J’aime la jeunesse, la musique qu’écoute ma petite fille, les tatouages de mon petit-fils. J’aime danser, aller aux concerts rock ou jazz. J’apprécie aussi les moments de solitude, aller sur la plage… ».