Aujourd’hui, Alexis a pris une journée de congé alors que son métier lui demanderait d’être en activité. « C’est le pic de la saison pour les sauniers, avec une fin d’été un peu plus ensoleillée ». Mais il est passionné par les traditions et la musique, avec une hyper sensibilité au son, y compris le son du silence quand il est dans son marais ou quand il plonge. Il chante aussi beaucoup. Joyeux alors ? Pas si sûr que ça. Il n’est pas rassuré sur l’avenir de l’agriculture et du monde en général.
Ce matin, il prépare un mât d’une bonne dizaine de mètres de haut. « C’est pour la fête de ce jour. Le mât de mai célèbre le renouveau de la végétation. Il était érigé lors des mariages ou en début de campagne, lorsque nos grands-parents partaient à la guerre ». Alexis baigne depuis toujours dans le milieu du folklore. « J’ai été bercé à la cornemuse. A 14 ans , j’allais dans les bals ou les fest-noz. Aujourd’hui, je donne des cours à l’école de cornemuses de la Garnache. Je joue sur différentes cornemuses, en particulier la veuze, mais aussi une 16 pouces du centre de la France ». Son activité professionnelle l’oblige à réduire ses activités musicales.
Avant sa reconversion comme saunier, Alexis était maçon. « D’abord dans le gros œuvre, avec des gros chantiers en béton armé comme des stations d’épuration. Puis dans la maison individuelle pour me rapprocher. Et puis j’en ai eu marre du bruit dans mon environnement de travail. Je ne supportais plus ». Vers quoi se recycler ? « J’ai songé à l’élevage, mais il faut un paquet de billets. Le métier de saunier, après une saison à Guérande, me semblait accessible ».
Il déchante quand il parle du milieu agricole. « Tout est fait pour qu’on produise toujours plus, sans forcément gagner plus d’argent. Je suis en colère contre ce système. L’avenir m’interpelle. Nous, on s’en sortira, mais les futures générations ? ». Son regard sur le monde n’est guère plus réjouissant. « Ici en France, nous sommes plutôt privilégiés quand on voit ce carnage dans plusieurs pays du monde. Ici, c’est plutôt l’oisiveté… ».
Alors pour se changer les idées, il revêt sa tenue de plongeur. « Le monde sous-marin, c’est pour moi un ‘nouveau monde’ avec plein de choses à observer. Sur la côte vendéenne il y a beaucoup de vase et donc une eau brouillée. En plongeant à 10 mètres, on en prend plein la vue. C’est le monde du silence ». Toujours cette sensibilité au son. « J’aime aussi repérer les chants d’oiseaux. Je suis naturaliste, ornithologue ».
Avec sa compagne Zoé, Alexis s’impose des moments ‘off’. « J’ai toujours envie de découvrir plein de choses, mais je dois faire des choix, sinon je m’éparpille. Courir après tout, ce n’est plus profiter. Il faut savoir s’arrêter » ajoute-t-il avant de regagner en chantant et sifflotant son arbre de mai.
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