Le Gois, ses pavés, ses balises, … son photographe. J’avais hâte de faire la connaissance de celui dont j’admire le travail et que je n’avais jamais rencontré. Coiffeur dans une autre vie, Grégory est aujourd’hui photographe, avec un goût prononcé pour le paysage et avec comme lieux de prédilection : St Malo, la ville corsaire, Pornic, le Gois. « J’ai beau venir ici tous les jours, ce n’est jamais pareil. C’est un endroit qui m’inspire de plus en plus ». Une histoire d’eau en fait. « Le nom de ma petite entreprise c’est Phot’eau, ce n’est pas le hasard. Les photos de rue, ce n’est pas mon truc, sauf s’il y a une flaque d’eau, un reflet ».

Angevin d’origine, son lieu de vacances avec ses parents c’était en camping à Barbâtre. « On venait souvent sur le Gois voir ceux qui se faisaient piéger par la marée ». Du coup, c’est ici qu’il décide de s’installer quelques années plus tard, lorsque le coiffeur du coin prend sa retraite. « Mon métier c’est coiffeur. J’étais super content d’ouvrir mon salon ici. Au fil du temps, je me suis rendu compte que vivre sur une île n’est pas si simple. C’est un milieu qui n’est pas suffisamment ouvert à mon goût. La clientèle vieillissait. Je commençais à fermer un peu plus tôt pour aller faire un coucher de soleil, et à ouvrir un peu plus tard pour un lever… ». Il cumulera les deux quelques temps, avant de fermer définitivement le salon.

Grégory est autodidacte. « Cela fait cinq ans que je pratique la photo de façon régulière. Je me suis formé avec des tutos sur YouTube mais c’est surtout en essayant sur le terrain, en testant, en reprenant, que j’ai progressé. J’ai eu à affronter quelques réactions dans le coin, ce que j’interprétai comme un intérêt porté à mon travail. Ça m’a même donné envie d’en faire plus. C’est mon côté provocateur ».

Un jour, son cousin lui demande de faire les photos de son mariage. « Aujourd’hui je pleure un peu quand je les regarde, mais ça a déclenché mon intérêt pour la photo. Je continue à en faire quelques-uns, des concerts également. Je bosse aussi pour des agences immobilières ». Dès qu’un coup de vent est annoncé, il prépare sa panoplie. « Tu peux venir, ça va taper » le prévient Hugo un ami de St Malo. « J’adore les tempêtes. Je m’équipe d’un harnais d’escalade pour ne pas être happé par les vagues. Je pourrais faire au zoom, mais moi, je veux être dans la vague. Sur le Gois, je m’avance dans l’eau jusqu’à ce qu’elle arrive à la hauteur de la rotule de mon trépied ».

On comprend mieux pourquoi il est toujours en combi. « Ça fait 5 ans que je n’ai pas mis un pantalon. Si j’ai un rendez-vous, je prévois le coup où je vais faire un détour ici ou là. Les gens sont habitués. Je ne suis pas embêté avec les moustiques, je suis protégé de la vase, ça tient chaud. Le plus dur c’est de l’enfiler ». Bon, peut-être pas pour les mariages ?

Les réseaux sociaux lui offrent une véritable vie sociale. « Récemment je suis allé à Flers pour un feu d’artifice ; deux personnes que je ne connais pas me proposaient un hébergement. Ça provoque plein de rencontres. La viralité de mes photos incite mes fournisseurs à me filer du matériel. Pour ça, les réseaux c’est extra ».

La photo est une obsession. « J’ai été entraîneur de roller hockey. Avec mon équipe, nous détenons même le record du monde du match le plus long ! J’ai fait de la moto, du quad. Aujourd’hui je roule à 30 à l’heure, le regard toujours à scruter. Quand on part quelque part, je regarde toujours sur google maps s’il y a un point d’eau à proximité qui pourrait justifier d’un petit crochet ».

Ce fan de Thiéfaine, également amateur de métal, n’en revient toujours pas. « À la maison la télé est à fond, il y a de la musique et je ne suis pas patient pour deux sous. Et là, dans le coffre de ma voiture ou les pieds dans l’eau, je peux rester à ne rien faire pendant trois heures. Je n’arrive pas à expliquer. Je n’étais pas comme ça avant ».

Grégory relie plus facilement la sensibilité aux caractéristiques de son appareil qu’à sa propre vie. « Je suis assez imperméable à tout ce qui se passe autour de moi et je reste à distance des infos. Je ne peux pas donner des leçons en matière d’environnement car je ne suis pas moi-même exemplaire. Je me trompe souvent dans les poubelles ce qui me vaut les réprimandes de ma femme. Néanmoins, je prépare un album photos avec l’envers du décor. Car si on s’émerveille d’un paysage, il faut savoir qu’à proximité, il y a parfois des choses moins reluisantes qui traînent ».

Le défilé des curieux de cet endroit magnifique n’a pas cessé. « Ah, c’est vous qui faites les photos d’ici ? ». Grégory est presque aussi connu que le Gois !

@photeau85