C’est au musée du vitrail à Saint Hilaire de Mortagne que je rencontre Manon qui se trouve à l’accueil. Dans un tel lieu chargé d’histoire, elle est à son affaire. « C’est ma famille qui m’a amené à l’histoire. Mes parents sont passionnés de vieilles pierres. Les vacances familiales tournent autour du patrimoine en France. Ma période préférée c’est le moyen-âge, un virage dans l’histoire ».

Manon poursuit ses études en Fac d’histoire. « J’ai cherché un emploi pour financer mes études, d’où ce statut emploi/études, différent de l’alternance. Mon souhait est de devenir guide touristique ou médiatrice ». Ayant grandie non loin du Château de Tiffauges, c’est un stage au milieu de ses ruines qui a été l’acte déclencheur. « À l’issue du stage, je savais que j’avais trouvé ma voie ». Le patrimoine français déborde de richesses. « Il y a tellement à faire autour de chez soi ». Elle est aussi férue de lecture.

Manon connait ses petits travers. « Je suis trop discrète dans certaines situations. Je réfléchis beaucoup, sans doute un peu d’anxiété. Je mets du temps à prendre des décisions ». Pour elle qui est plutôt solitaire, le Covid ne l’a pas traumatisée plus que ça. « À la différence de ma petite sœur qui, elle, aime bien bouger. Si je dois rester enfermée, j’ai mes livres ; tout va bien ». Elle a quelques amies sans multiplier les sorties. « Je suis bien en famille ».

Certaines causes l’insupportent. « La violence conjugale ou à l’encontre des enfants, y compris  envers les animaux. On n’a pas le droit de les toucher. Je suis sensible aussi à la cause des sans-abris. J’ai entendu parler de dispositifs anti-SDF, c’est insupportable ». On comprend tout de suite qu’elle cite Simone Veil ou l’Abbé Pierre en référence.

Elle est adepte du yoga et de la sophrologie. « Tout ce qui contribue au bien-être, à la maîtrise de soi. Avec la sophro j’ai appris à bien respirer ; ça m‘aide encore aujourd’hui ». Les valeurs transmises par ses parents constituent sa boussole : « Respecter l’autre et soi-même, la politesse, travailler pour réussir, ne jamais abandonner. J’essaie de mettre en pratique ». Elle garde une petite dent contre son institutrice qui avait dit à ses parents : « Je ne vois pas ce que Manon fera de sa vie ». Ça l’a d’abord mise en colère. « Au final, ça m’a boostée tant je trouvais ça injuste. Ce n’est pas bon pour la confiance en soi. Il y a tant de jeunes qui en manquent et ce n’est pas comme ça qu’on va améliorer cette confiance indispensable ».

Manon ne reste pas les bras ballants. « Il faut toujours se battre et garder espoir en son rêve. Je suis en train d’y accéder. Aujourd’hui je suis heureuse dans ma vie ; je me sens épanouie ».