Il aime son pays comme un paysan sa terre. Son pays c’est le bocage. Né à Mesnard-la-Barotière, il réside aujourd’hui à Mouchamps. Fils et frère d’agriculteurs, sa terre est un champ de maïs où il a créé un labyrinthe, truffé d’animations. La comédie est l’autre pan de son personnage. Assemblez ces ingrédients et vous connaîtrez un peu mieux Jean-Claude, un cocktail bien de chez nous.

Il a 45 ans lorsqu’il crée, dans un champs de maïs, le Labyrinthe qui attire chaque été 10 000 visiteurs. « Pour moi, c’est presque une suite logique. Je voulais faire quelque chose à moi, dont j’avais envie, sans que l’argent ne soit le moteur. Simplement mettre ma formation et mes compétences en application, dans un milieu champêtre ». Le collectif le nourrit. « Président du foyer des jeunes, conseiller municipal, président de l’office de tourisme…j’aime travailler en groupe ». Un souvenir en particulier ? « Une fête pour les Restos du Cœur à la Tricherie ; un feu d’artifice d’animations diverses et variées. C’était génial ».

On pourrait le prendre à défaut d’être un poil chauvin. « J’aime promouvoir le joli bocage dont je suis issu ». Ce serait mal connaître l’homme d’ouverture qu’il est. « Je suis curieux de tout. J’aime voyager ». Son métier de comédien l’a emmené sur des tournées avec l’illusionniste Bertran Lotth. « Cela fait 25 ans que je l’accompagne, mais moi je ne suis pas magicien. Juste comédien ».

Enfant, il écarquillait les yeux devant Champs Elysées. « Ce monde des paillettes me faisait rêver depuis mon fauteuil ». Le déclencheur ça été quelques années plus tard au Puy du Fou où il entre à l’animalerie avant de goûter aux spectacles. « J’ai tout de suite trouvé ça super bien. Je n’avais pas l’impression de travailler. C’est à l’occasion de la création du théâtre de marionnettes que je rencontre Bertran Lotth. Il avait besoin de quelqu’un qui avait son poids-lourd ».

Pétri du monde associatif, Jean-Claude place la relation humaine comme la pierre angulaire de ses différentes expériences. « C’est passionnant de se demander si c’est toi qui emmènes les gens vers ton univers ou si, au contraire, ce sont eux qui t’embarquent ». Il croit en la richesse de chacun. « Je me méfie du leader qui se prétend meilleur qu’un autre. Tout le monde a du talent, parfois non révélé malheureusement. Quand le thème d’une saison est défini au Labyrinthe, l’équipe est mise à contribution pour apporter ses idées. La richesse est dans l’être humain, évidemment ».

En voyage, il aime sortir des sentiers battus, découvrir l’envers du décor. « À l’occasion d’un voyage en Grèce, et bien que je ne maîtrise pas la langue, j’ai demandé au patron une boisson locale. Il a vite vu que ce n’était pas le business mais la connaissance du pays et l’authenticité qui m’intéressaient. On a fini dans sa cave ». Une expérience parmi d’autres qu’il met à profit ici. « J’espère offrir comme ça des expériences inoubliables pour nos visiteurs, des instants magiques. Il y a les gens avec qui on prolonge en discutant. Ils deviennent des amis éphémères. C’est génial ces petits moments ».

Et la vie familiale dans tout ça ? « Heureusement pour nos 2 filles, ma femme est salariée avec une activité plus régulière. Nous profitons des voyages en famille, mais aussi de journées pour aller sur la côte ». Et ça fait du bien de s’aérer l’esprit car depuis 2 saisons, le climat professionnel est plus tendu. « Je me souviens de ce jour de mars où on se dit « demain, on arrête ». Pénible. J’espère qu’on va en sortir rapidement de cette pandémie. Cette année, l’ambiance est encore plus morose. Je remarque dans pas mal de situations que les gens se divisent. Ça m’affecte professionnellement, mais aussi personnellement ».

Jean-Claude n’est pourtant pas du genre pessimiste. « Ce ne serait pas bon pour la créativité. Souvent les idées viennent quand je marche. Ce n’est pas mécanique : les idées viennent quand elles viennent ; il ne faut pas les rater ». En 2018 il avait retenu le thème de la Grande Guerre au Labyrinthe pour marquer le centenaire. « Il y a eu moins d’entrées cette année-là, mais je me souviens de cette institutrice qui m’a dit : « Tous les enfants devraient venir ici, ils ont tout retenu de cette époque ». Apprendre en s’amusant, il n’y a rien de tel ».

L’artiste qui garde sa préférence, c’est JJ Goldman. « Au risque de paraître ridicule, je me souviens qu’ado je me demandais s’il m’observait tellement ses paroles étaient percutantes pour moi. Il a influencé ma vie, clairement. J’ai toujours de l’émotion quand je m’attarde sur ses textes ».