Avec son épouse, Jean-Baptiste est un habitué du Café Du Centre sur le port. Il y a ses habitudes au point qu’on pourrait croire qu’il est Islais depuis tout le temps. Eh bien non ! « J’étais vétérinaire sur le continent. Quand les gens d’ici ont connu mon métier ils sont venus me voir, car il n’y avait pas de véto ». Homme de relations, Jean-Baptiste n’a pas mis longtemps à s’intégrer.

« Nous avons découvert l’Ile d’Yeu par la planche à voile sur recommandation d’un ami. En 68 des gens ont créé la CAVAL en considérant que la planche ne devait pas être réservée aux personnes qui ont du pognon ». Le couple résidait alors à La Guerche-de-Bretagne -aux limites de la Bretagne et de la France !- et venait y passer une semaine début septembre, avant la rentrée des classes. « Mon épouse était professeure de mathématiques en lycée à Rennes. La première année, nous sommes venus avec nos deux plus jeunes enfants. Puis la seconde avec les deux aînés ». Les années suivantes, la famille vient au complet, dans une location au mois. « Jusqu’au jour où on est entré en curieux dans une agence, mais nous n’avions pas les moyens d’investir. Après plusieurs propositions, un associé du notaire nous a fait part d’un bien qu’il venait de rentrer à Port Joinville, un bien à potentiel. Le coup de pouce, plus qu’appréciable, de la mère de mon épouse nous a permis de conclure »

Jean-Baptiste et son épouse ont commencé à nouer des liens solides. « C’était important pour nous de faire confiance aux gens d’ici. Et quand les gens ont su qu’un vétérinaire achetait ici, ça a commencé à défiler ». Jean-Baptiste était heureux d’apporter son expertise aux insulaires qui avaient quelques animaux. « Il y avait quelques moutons, dont un gros troupeau. Quelques chèvres aussi. Puis les gens ont commencé à avoir des chevaux. J’étais de plus en plus sollicité pendant mes vacances, mais je le faisais bien volontiers. Le pharmacien du coin m’envoyait ses clients qui avaient des animaux de compagnie. Durant toute ma carrière, c’est l’aspect humain du métier qui m’intéressait, plus que la sensibilité animale ». Et c’est ainsi qu’il a noué un paquet de relations sur l’Île d’yeu.

« Je suis devenu vétérinaire un peu par hasard. En terminale j’avais un bon copain dont le père était véto. Il m’a encouragé à faire une inscription pour les classes préparatoires. J’ai été admis. Pas lui ». Durant son service militaire Jean-Baptiste donne des coups de main sur ses temps libres. « J’ai terminé l’armée le 31 mars, le 1erou le 2 avril, j’étais embauché. Nous nous sommes installés à La Guerche-de-Bretagne où j’ai été conseiller municipal. Mon associé avait un engagement politique de droite ; moi c’était à gauche. J’étais tête de liste de l’opposition. Mais cela n’a jamais mis à mal notre entente lorsqu’il s’agissait des intérêts de la commune ».

Homme de conviction, Jean-Baptiste a son franc-parler. « Je suis comme la soupe au lait je monte très vite mais je redescends aussi vite. J’ai des convictions, je les défends. Mais je reste ouvert. Il y a trop de gens qui oublient leurs origines. L’ascenseur social a fonctionné. Malheureusement il fonctionne de moins en moins. Les élites forment des clans. C’est désolant. Tu as dans les banlieues ou dans les grandes villes comme dans nos villages des personnes qui sont très intelligentes mais on ne leur donne pas la chance de s’exprimer. On a une petite fille qui est en troisième et qui voulait faire de la boulangerie pâtisserie. Son professeur principal lui a dit : tu ne te rends pas compte, les horaires… Tu as les moyens d’aller au lycée. Elle ne l’a pas écouté et elle s’est engagée avec les Compagnons du Devoir ».

Jean-Baptiste et son épouse ont fait de leur maison de vacances leur résidence principale. Pleinement intégrés à la population locale, ils profitent d’une retraite riche de rencontres et de lectures. Sans oublier les plaisirs de la cuisine !