C’est sur la traversée pour l’Ile d’Yeu que je remarque Benjamin, souriant et toujours en mouvement. Il est G.O en village vacances, mais le mot ‘gentil’ lui rappelle de mauvais souvenirs en lycée lorsqu’il se faisait moquer pour sa rondeur. Aujourd’hui il en a pris son parti. La gentillesse reste son art de vivre. Il est très démonstratif, gesticule beaucoup quand il parle. Pas surprenant que les vacanciers le rappellent, bien après leur séjour.

Même si les activités se ressemblent en village vacances, avec Benjamin elles prennent une forme différente. « Il y a 50 façons d’animer un blind test. Au-delà du jeu qui n’est que le support, ce qui m’intéresse c’est les discussions que ça déclenche entre vacanciers. Je suis quasiment né dans le monde de l’animation. Mon père était saisonnier et ma mère faisait plutôt dans l’administratif. Ils ont beaucoup bougé. Ils ont un peps incroyable. Je suis ici depuis 4 ans. C’est un record. Le plus souvent, je ne reste pas sur un poste plus de 2 ans. L’inconvénient c’est que, à toujours bouger, c’est difficile de consolider des relations ». Benjamin repère vite les personnalités. « J’aime mettre en avant les gens plus discrets. Certains me renvoient des petits signes qui me font chaud au cœur ».

Beaucoup de ses amis animateurs se sont sédentarisés. Lui-même vient de faire une formation sur le management dans le milieu de l’hôtellerie ou de la restauration. « Ça peut me permettre d’évoluer et de me fixer un peu ? ». Avant de confier: « Au lycée j’étais le bouboule gentil, une sorte de nounours. J’ai pris des coups. C’est très dur. Le film de Kubrick ‘Full metal Jacket’ me touche beaucoup quand je vois l’enrôlement des plus faibles pour en faire des machines à tuer pour la guerre du Vietnam. Ça me renvoie à ma personne ».

Benjamin n’est pas insensible à la détresse des autres, bien au contraire. « Je ne suis pas militant. Je suis plutôt du côté de ceux qui iraient nourrir les gilets jaunes plutôt qu’être moi-même gilet jaune. Je suis l’actu par le Quotidien de Yann Barthes. Il est dans la provoc, mais ça passe mieux que Pernaud chez les jeunes ».

Il voue une passion pour la culture japonaise. « Je suis très fan des mangas animés que j’ai découverts au collège. Je trouve que c’est plus subtil que beaucoup de dessins animés. C’est peut-être aussi ma part d’enfant que je souhaite conserver le plus longtemps possible. Je suis capable d’aller sauter et m’éclater sur une structure gonflable ».

Pour conclure, Benjamin cite l’abbé Pierre avec une phrase qu’il aime beaucoup. « Un sourire coûte moins cher que l’électricité mais donne autant de lumière ».