Sur le festival, Maïder est en charge des toilettes sèches. La propreté et l’accueil sont les deux piliers d’un service efficace et apprécié. Elle y met du militantisme, parlant de la planète comme d’une personne. « C’est un être vivant qui a son organisme, ses flux énergétiques à elle ». En complément de cette activité salariée, Maïder exerce l’ésotérisme. « Depuis toute petite, je m’associe aux sorcières… »

Pour elle la décadence de la planète est inéluctable. « On peut ralentir le processus par des petits gestes. Si les Etats et les entreprises s’y mettaient réellement, ça irait encore plus vite. A l’échelle d’un festival, il ne faut pas négliger l’impact ». Les toilettes sèches en sont une illustration. « Les matières collectées sont transformées en engrais ». Et c’est un lieu à part entière, intégré à l’ambiance. « Parfois il y a des discussions qui s’installent d’une cabine à l’autre. Il y a des gens qui chantent…Bref, l’esprit festival ne s’arrête pas à l’entrée de la zone ‘toilettes’ ». Maïder gère une équipe de trois personnes pour assurer la logistique de l’ensemble du dispositif qui offre un service propre et respectueux. Elle est entrée dans le monde des festivals il y a une dizaine d’années et y a pris des responsabilités. « Ce serait dommage de priver les gens de culture, d’art et de musique sous prétexte que les festivals ont un gros impact environnemental. Alors il faut trouver les solutions pour le réduire ».

Discuter avec Maïder c’est aussi explorer une autre dimension inattendue. « Très jeune, j’ai vécu des choses au-delà du visible. Mon père est protestant, ma mère catholique. Petite, j’adorais aller au temple ou à l’église. Les lieux spirituels m’ont toujours apporté beaucoup d’énergie. Mais je n’aimais pas la religion chrétienne parce que les gens étaient tristes, pas souriants. Je ne comprenais pas pourquoi on avait crucifié un homme qui apportait de l’amour. Aujourd’hui je visite les églises différemment.  Je respecte la Trinité. En fait, tous les dieux et toutes les déesses font partie de mon panthéon car je les vois comme des énergies. Un peu comme les égyptiens qui utilisaient le terme ‘Nedjer’. Je vois tout par les énergies ».

Evoquer l’ésotérisme, la spiritualité, la sorcellerie, n’est pas simple. « Ma mère était la seule qui m’écoutait et qui me croyait quand j’étais petite. Pour d’autres raisons, le dialogue a été rompu avec elle durant quelques années. Mon père qui était le plus rétif au départ respecte aujourd’hui mes croyances. Il y a eu une période où j’ai tout coupé pour ne pas paraître folle. J‘étais la fille bizarre. Mais rentrer dans la norme ne me convenait pas non plus. A 18 ans, je n’ai laissé le choix à personne. Je voulais être ‘moi’ ». Elle amplifie alors ses recherches, sans se couper des gens qui ne pensent pas comme elle. « J’ai des ami.e.s qui ne croient pas en mes tirages ; ce n’est pas grave ». Elle défend l’idée que tout n’est pas tout blanc ou tout noir. A l’image du Yin et du Yang. « Dans la part d’ombre il y a une part de lumière qui fait que tout n’est pas négatif. Inversement, quand une situation te semble extrêmement lumineuse, elle peut t’aveugler ».

Dans le monde de l’ésotérisme, on rencontre, selon Maïder, de plus en plus de sorcières. « Il y a de tout et probablement un effet de mode ! Ma vocation n’est pas d’apporter des malédictions. Je guide les gens pour les aider à voir plus clair sur leur passé ou leur présent. Je les aide aussi à envisager l’avenir. Mais souvent, ce sont eux qui ont la réponse à leur propre questionnement ».

Les sollicitations sont telles que Maïder vient de créer son entreprise. « Cette activité est aujourd’hui reconnue. Il y a un code APE pour la cartomancie et l’ésotérisme. J’ai été soutenue par Pole Emploi dans le lancement de mon activité. J’effectue des tirages de tarots, de Runes Futhark et d’oracles ». Elle réalise également des bijoux, sculpte des objets. « Aujourd’hui les diverses spiritualités sont de plus en plus reconnues, notamment avec le retour des religions païennes. Cela rend plus facile de s’exprimer sur les mondes invisibles et amène beaucoup de gens à incarner leur spiritualité en plaçant des objets ou des bijoux sur un autel ».

Maïder ne veut pas imposer sa façon de voir. « Moi je crois en ce que je fais, j’apporte du bien aux personnes qui viennent me voir et qui me font confiance. Je ne suis pas médecin et ne peux pas dire avec les cartes comment guérir. Je ne suis pas psychologue et ce n’est pas avec les cartes que je vais guérir le mental ».

Les portes du festival s’ouvrent. Maïder va reprendre le service avec ses collègues. Avec un sourire dont elle ne se départit guère…