Une mappemonde dessinée sur son camping-car attire inévitablement le regard. Anthony est photographe : le moment s’annonce sympathique ! Et quand je lui demande où il réside, il me dit : « là » en indiquant son camping-car. C’est sa résidence qui le promène là où le vent l’emmène. Avec une destination de prédilection : le grand Nord.

L’envie de voyager le taraude depuis longtemps. « Il a fallu qu’un pépin de santé m’arrive pour que je décide enfin d’entreprendre un rêve qui sommeillait en moi. Accompagné d’un photographe professionnel, je suis allé au Cap Nord et dans les îles Lofoten pour photographier les aurores boréales ». Dire que l’instant était magique est un euphémisme. « À mon retour, je suis resté cloîtré quasiment un mois chez moi. Ce voyage m’a procuré des ressources qui m’ont aidé à surmonter des épreuves personnelles ; c’était une sorte de thérapie. En plus des ennuis de santé -les choses de la vie ! – des évènements brutaux s’y sont ajoutés sur le plan familial et professionnel. Beaucoup de choses se sont arrêtées en un temps très bref. J’ai pu en construire de nouvelles à ce moment-là ». Anthony était un boulimique du travail. « Je n’étais pas toujours tendre avec la vie…Un jour ma fille de 26 ans m’a dit : « Je découvre mon papa sous un nouveau visage… »

Depuis longtemps, Anthony rêvait d’un Combi, symbole de  liberté et de voyage. « Je suis remonté en Scandinavie à une autre saison. Ces pays du Nord sont une révélation totale pour moi. Je n’ai pas envie d’y résider. Juste y aller en cheminant. Il me reste tant à découvrir. Devant les îles Lofoten, j’étais en extase. Je ne sais pas si c’est l’effet magnétique du pôle qui m’attire là-bas, mais j’y retourne dès que je peux ». Anthony est fasciné non seulement pas la beauté des paysages, mais également pas les gens qui vivent là-bas.

Il se souvient d’une rencontre marquante alors qu’il dormait chez l’habitant. « La dame était danoise et venue dans la région, il y a 25 ans, pour assister sa maman malade. Son mari est Texan. Ils y sont toujours restés. Leur sens de l’accueil, leur gentillesse m’ont profondément touché. Je suis retourné les voir ».

Comme le voyage, la photo est pour Anthony une thérapie. « Que j’aille bien ou pas, je sors par tous les temps faire des photos. C’est une source d’énergie. J’adore les ciels étoilés et les lumières du début de nuit. J’ai aussi un endroit fétiche en France, c’est le Mont St Michel où je vais depuis l’âge de 5 ans. Je l’ai photographié sous tous les angles, avec toutes sortes de lumières. J’y vais régulièrement et à chaque fois j’en tire une force. Et quand je suis bloqué chez moi, je reprends mes photos, qui à nouveau me transportent ».

Pendant le confinement, Anthony avait choisi un endroit privilégié pour poser sa maison mobile. « Face à la mer, au bout d’une allée chez une amie. Je suis né à Pornic et j’aime beaucoup photographier la mer. Une fois j’ai vu une jeune cavalière qui entraînait une jeune pouliche à affronter les vagues avec son étalon à côté. J’ai shooté, shooté et laissé ma carte de visite à son amie. Elle m’a rappelé le soir-même et m’a mis en contact avec des cavaliers ».

Captivé par la photo, Anthony garde un œil sur le monde et la société. « Je suis prudent mais je reste confiant par rapport à l’évolution de la situation sanitaire. Je ne sais pas si c’est la nature qui décide d’elle-même de certaines choses. J’espère que la vie reprendra son cours normal rapidement. L’envie de partir ne m’a pas quitté. Je me suis aperçu aussi qu’on pouvait découvrir des coins sans aller très loin. L’émerveillement est souvent à portée de main ». En attendant de remonter vers la région des 1000 lacs en Finlande, Anthony est curieux de découvrir la région des 1000 étangs dans les Vosges. Avec, chevillée au cœur, la devise inscrite sur son camion, empruntée en partie à Jacques Brel : « Réaliser mes étonnements plutôt que mes rêves. Rien n’arrive quand on attend ».