Dans ce quartier de la Chaume aux Sables d’Olonne, depuis 1933 le Café Choc tenait rang d’institution ! Seulement deux gérantes en 90 ans. Depuis mars 2020, l’établissement s’appelle « Copains comme cochons » sur une idée de Franck Giraudeau et sa compagne Sabine qui en est la co-gérante. « Un établissement simple, convivial, à l’image des relations que j’aime ». Installé au début de la crise du Covid, il a fallu s’adapter, avec des terrasses extérieures. Finalement, le concept cartonne.

Le nom « Café Choc » venait d’un monsieur qui avait un camion couleur chocolat. Le diminutif ‘Choc’ est resté. « Au moment de la cession en 1963 la gérante de l’époque a dit à la repreneuse : « j’ai fait 30 ans ici ; je vous souhaite d’en faire autant. Elle en a fait presque le double. 57 ans pour être précis. Je ne pense pas faire autant ! » Franck reconnait que c’est grâce au Covid qu’il a développé un établissement assez singulier. « Au départ, je cherchais un endroit pour faire cuire des cochons. Je vends des petits cochons cuits au four à bois, façon portugaise. Comme j’avais des clients sur les Sables, j’avais envie de m’y installer. Un copain m’a dit : « je crois que je connais un endroit pour toi ». Je connaissais le bar (il était vraiment dans son jus !) pour y être venu ». Et là les idées commencent à partir dans tous les sens. Mars 2020, ça démarre. La signature n’a pu intervenir qu’après le 1er confinement en mai 2020. « En juin, je me rends à l’évidence : les travaux nécessaires à l’intérieur ne pourront pas être faits. Alors, comme on a ce grand terrain qui fait plus de 700 mètres carrés, si on y aménageait des terrains de pétanque, avec une petite buvette, ça nous ferait peut-être vivre cet été ? ». La petite buvette devient paillotte.  Les salons de jardins bricolés en bois rendent l’endroit convivial.

« J’accueille des personnes de tous les milieux. Ça correspond à ce que je suis. Fils de paysan et fier de l’être. A 20 ans j’ai failli être agriculteur, mais je suis parti travailler à l’extérieur. J’ai repris des études jusqu’à 20 – 21 ans ». Franck travaille chez un fabricant d’aliments dans le Maine et Loire, puis dans un groupement d’éleveurs de porcs. « Comme j’ai un souci d’indépendance et de liberté (j’adore aussi les emmerdes !) en 2003 je décide de me lancer seul. Le dernier marchand de cochons devait être mort en Vendée. Je me suis dit : vu que j’ai la connaissance du milieu, que je sillonne les routes depuis 10 ans pour aller chez les éleveurs, je peux faire ce métier. Je me comparais à la mouche sur le dos de l’éléphant. Je ne ferai jamais vaciller l’éléphant mais j’ai un temps de réaction un peu plus rapide que lui ». Il a vécu pendant 20 ans de ce métier. « Aujourd’hui je poursuis, bien qu’ayant réduit à cause du bar. J’achète et je vends des porcelets, facilitant la relation entre le naisseur et l’engraisseur ».

« Ma première et peut être la seule passion, c’est d’aimer les gens, et si possible leur donner du bonheur. Ça peut sembler un peu bateau, mais aujourd’hui c’est plus que jamais d’actualité ». Le sourire des gens autour des tables après un concert donné par Tricot Combo le réconforte. « Ça c’est mon bonheur ».

Ce n’est pas pour autant un parcours de santé :   » Quand j’ai lancé mon activité de négociant en porcs, il a fallu que je fasse mon trou. Les 3 ou 4 premières années n’ont pas été faciles. Ici c’est la même histoire. Je me rends compte que ça peut déranger. Je discute avec mes voisins en étant courtois et en cherchant à améliorer les choses. Aujourd’hui on ferme à 22 heures et on va peut-être avancer cet horaire. Peut-être que le succès en dérange d’autres ? Je vais courber l’échine. »

Franck attend le retour à la vie normale. « Ma seule anxiété c’est la capacité qu’on aura à retrouver l’intégralité de nos libertés. Je n’en suis pas persuadé. Il y aura un avant et un après Covid. Rappelons-nous notre façon de vivre d’il y a un an et demi, et retrouvons la même. Il faut rester vigilant ! »