Le 14 mai prochain, elle fera planer quelques riffs de sa guitare au cœur du Stade de France, mêlés aux notes des 999 autres instrumentistes, avec Mathieu Chedid en guest star. A trois semaines de l’évènement Rockin’1000, Elodie répète, savoure en prenant soin de se réserver la surprise pour le jour J. La guitare est sa complice depuis l’âge de 6 ans, classique d’abord, électrique deux ans plus tard. Faire de sa passion son métier est un privilège qu’elle mesure à sa juste valeur.
D’aussi loin où remontent ses souvenirs, elle ne sait plus quel a été le déclic pour jouer de la guitare. « Je joue quasiment tous les jours. J’ai pris des cours jusqu’à mes 18 ans. » Elle passe un bac littéraire, mais dans sa tête, ça ne sonne pas aussi bien qu’une mélodie. « Après le lycée, je suis partie à Cahors pour faire un apprentissage en magasin de musique en préparant un BTS MUC. J’ai appris à réparer les instruments sur le tas. La première année d’alternance, mon école était en Vendée ; pas facile à tout concilier avec les nombreux déplacements. J’ai changé pour aller à Cahors où je suis restée trois ans. Mon patron m’a proposé un CDI. Un an plus tard, son magasin brûlait… La mort dans l’âme, il a été contraint de me licencier. »
Elodie ne connaît personne quand elle débarque dans le Lot. « La musique est un vecteur idéal pour apprendre à connaître des gens. Ça a été mes premières expériences de groupes. L’un était rock, l’autre punk avec des reprises dans les deux cas. Ça changeait du duo acoustique du lycée. » La fin de son contrat professionnel signera le terme de cette double aventure musicale. « J’y suis retournée pour quelques concerts. On savait que c’était la fin. C’était déchirant, j’abandonnais ma seconde famille. Heureusement, on se revoit toujours. »
Quand elle revient en Vendée en novembre 2019, Elodie a envie de reproduire l’expérience… Le Covid bouleverse ses plans quelques mois plus tard. « J’ai attendu avant de lancer une annonce sur Internet. Un bassiste et un batteur m’ont appelée quasi en même temps. Quelques jours plus tard, je reçois au magasin une ancienne du lycée qui cherchait à chanter dans un groupe. Bingo! On pouvait débuter en juin 2021. Aujourd’hui, on tient un set d’une demi-heure. On espère se produire à la fête de la musique en juin prochain aux Herbiers. » Le nom du groupe est déjà dans les tuyaux. « ‘Cabbage Belly’. Ventre à Choux en anglais, mais c’est encore provisoire. On essaie d’ajouter quelques compos aux reprises. Notre chanteuse écrit bien ; moi, je m’intéresse plus à la composition musicale. »
Rockin’1000 est son prochain rendez-vous. « Le bassiste de notre groupe a déjà fait la première édition en 2019 (après avoir fait les deux autres en Italie) et il m’a encouragée. J’ai candidaté en envoyant ma vidéo un lundi soir en mars dernier ; quatre jours plus tard, on me confirmait ma participation. On sera sur place le 12 pour débuter les répétitions et on joue le 14 devant 55 000 personnes dans le stade et des millions sur les réseaux. Un sacré truc. J’évite de regarder les vidéos des années passées; je veux savourer une fois sur place. »
Elodie se considère chanceuse. « Quand je suis revenue en Vendée, trouver un job dans un magasin de musique n’était pas une évidence. Des copains commerciaux m’ont parlé de l’Atelier du Musicien aux Herbiers ; j’ai tenté. Alexandre m’a rappelée quelques mois plus tard, d’abord pour un mois, et puis trois mois, et puis un CDI sur 24 heures. C’est un privilège de vivre de sa passion. »
Elle serait presque nostalgique d’une période qu’elle n’a pas connue, les années 60 des Jimi Hendrix et compagnie. « Aujourd’hui, on est partagé entre la vie sur les réseaux et la vraie vie. Oui, c’est pratique pour communiquer à distance, mais même présents, les gens ne sont pas disponibles, penchés sur leur smartphone. J’aimais quand on jouait dehors, quand on allait voir les copains à vélo. »
Pourtant, elle ne cache pas sa passion pour les jeux vidéos. « Pendant trois ans, je n’ai pas allumé la télé, le meilleur truc à faire en ce moment. Jouer à la console, c’est ma deuxième passion. » La troisième est plus inattendue. « Je lis beaucoup sur l’histoire du vin, de la bière, du whisky. Il ne faut pas me demander pourquoi. » Avec son compagnon, ils ont rénové une maison. « J’ai réservé une pièce pour ma salle de répétition. Ça traverse un peu les murs. Mon conjoint n’est pas musicien ; il aime bien aller au concert. » Elle se sent impuissante devant l’actualité. « Il faut essayer de voir les choses du bon côté. Je reste optimiste. »
Muse demeure son groupe fétiche. « Ce sont eux qui m’ont donné envie d’y aller à fond sur ma guitare électrique. » Ses autres influences sont plus accessibles. « Marie-Lise, la bassiste de Cahors est un peu ma deuxième maman. Pas besoin de se dire les choses pour se comprendre, ou alors, dire exactement la même chose en même temps. Toute cette bande, ah là là ! » Son copain la sort parfois de l’univers de la musique. « Heureusement qu’il y a plein d’autres belles choses! »
Elle hésite entre deux conclusions. « Dans la vie, il faut savoir provoquer la chance. Sans ça, je ne serais pas au Stade de France dans 3 semaines. » L’autre est liée à l’actualité récente. « C’est important de rester libre de ses choix. Avec le passe sanitaire, la liberté en a pris plein la figure. Ce n’était pas chouette. »
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