L’altruisme est sa devise. Cette disposition léguée par ses parents, Françoise la décline dans ses nombreux engagements, au travail comme dans son club de basket qui lui apporte tant. En toutes circonstances, elle prend le parti de la vie. Joyeuse, énergique, elle sait entraîner. Toujours en pensant à l’autre.

Une maman au foyer, un papa métallurgiste qui doit s’arrêter de travailler tôt en raison de sa santé. Chez les Bonhommeau la richesse ne se compte pas en chiffres. « Il n’y avait pas d’argent à la maison, pas de voiture, ce qui n’empêchait pas notre famille d’avoir beaucoup d’amour. Vivre, c’était s’engager dans l’associatif. Les dimanches soir à la maison, après le match de football, c’était la fête avec des gaufres, des crêpes, des gâteaux…Être ensemble, en toute simplicité ». Le partage fait partie du socle éducatif des cinq frères et sœurs. « C’était leur façon de vivre leur Foi chrétienne ».

Françoise ira en internat à Notre-Dame de Bourgenay. « Je passais tous mes mercredis à la maison d’enfants qui se trouvait à côté du pensionnat. Rapidement, j’ai voulu devenir éducatrice spécialisée. J’ai écrit à plusieurs institutions en expliquant mon projet : en attendant mes 18 ans, j’étais disponible bénévolement. J’ai eu plein de propositions, dont celle de l’AFDAEIM des Essarts où je sentais une vraie attention ». Cet établissement reçoit des personnes en situation de handicap lourd, venant le plus souvent de la région parisienne. Séduite par le projet, Françoise trouve une petite location. « Une seule pièce et pas de sanitaires ! Je suis allée proposer mes services au bar qui était en face, l’occasion de me faire un peu d’argent pour mes futures études, et surtout une belle occasion de me constituer un réseau d’ami.es ». Elle qui croque la vie découvre le handicap lourd. « Je ne connaissais alors que les situations de déficience intellectuelle. Il y avait deux enfants dans cette situation en primaire. Ils étaient toujours à côté de moi. L’un d’eux est devenu mon beau-frère ».

Françoise a une disposition pour comprendre chez l’autre la souffrance ou le bonheur quand les mots ne sont pas là pour l’exprimer. « Six mois plus tard j’ai été recrutée dans cet établissement. J’ai suivi la formation d’Educatrice Spécialisée, en cours d’emploi, à Tours. Une semaine par mois pendant quatre ans. Entre temps, j’avais rencontré mon mari. Très vite on a décidé de se marier ». Six ans plus tard, une nouvelle aventure professionnelle l’attire, histoire de mettre en pratique ce qu’elle a étudié. « J’ai travaillé dans un centre pour femmes victimes de violences conjugales. Là j’ai découvert l’amour impossible, l’abnégation de certaines femmes pour être au service de leur mari ». Des mères parfois très jeunes. « Avec mon chef de service de l’époque, on a porté un projet pour ouvrir un centre maternel pour accompagner ces jeunes mamans qui avaient des lacunes parentales ». Quand le centre ouvre en 1993, Françoise demande à l’intégrer. Forcément. « Nous aidions ces jeunes à accepter leur rôle de maman, sans oublier leur vie de jeunes femmes, ni la place du papa ».

En plus de son attention à la fragilité humaine, Françoise a une capacité à emmener des projets, à faire des émules par son enthousiasme. Un potentiel qui n’échappe ni à son chef de service, ni aux responsables de la commune de Chauché où le couple s’est établi en 1988. « On m’a demandé de m’occuper du foyer des jeunes. Mon mari est rentré dans le club de vélo. Très vite on a été acculturés à ce charmant village ». Pas surprenant qu’elle soit sollicitée pour rentrer au conseil municipal. « Je suis devenue adjointe aux affaires sociales en 1995, sans n’avoir rien demandé. J’y ai pris goût en voyant les liens qui existaient entre mon travail et la vie d’élue ». Elle ne siège pas pour faire de la figuration. « On a mis en place un Contrat Enfance Jeunesse, puis j’ai défendu l’idée d’accueillir un Centre Perce-Neige sur la Commune. Le hasard -ou le destin- m’ont fait retrouver Françoise Crochet Rigaudeau, responsable de l’EHPAD flambant neuf, ancienne camarade d’école, nous ne nous étions pas revues depuis 15 ans ». Des retrouvailles qui décuplent leur enthousiasme au profit de multiples initiatives en direction des résidents. « On a créé des synergies avec les EHPAD des communes voisines en recrutant un emploi jeune, chargé de créer des ponts entre nos établissements au service du Ga5. Un souvenir merveilleux, c’est quand nous avons emmené 2000 personnes âgées au Puy du Fou en l’an 2000, un évènement qui s’est répété chaque année en différents lieux ». Elle cessera sa fonction de présidente du GA5 en 2014 ; le mouvement impulsé se perpétue aujourd’hui encore.

Au retour de son 2ème congé maternité, elle est détachée de son emploi pour monter un jardin d’insertion pour les RMistes. Puis elle se décide à franchir un échelon. « Dans mon parcours professionnel et d’élue, j’ai rencontré plein de gens sous mesure de protection. J’avais un regard assez critique. Je pensais qu’il fallait faire en sorte que ces gens gardent une intégrité en les laissant exercer leur capacité d’autodétermination quand c’était possible ». Elle deviendra cheffe de service à la Sauvegarde 85 et s’associera au projet de fusion avec le Pavillon. Durant son parcours professionnel, sa soif d’apprendre n’est jamais véritablement étanchée. Maîtrise de sciences techniques et d’intervention en milieu social ; Master 1 consacré à la fonction de direction ; Master 2 sur le management des organisations médicales et médico-sociales. « J’éprouvais ce besoin d’aller me confronter par la formation »

Évoquer son parcours sans parler du basket serait presque une mutilation tant la vie du club lui a apporté. « Le sport compte depuis ma tendre jeunesse ; c’était pour moi le seul moyen de voyager ». Elle a fait de l’athlé, du hand. C’est pourtant au club de basket que sa fille signera une licence. « Je suis devenue présidente à Chauché. Rapidement nous nous sommes rapprochés des clubs de Chavagnes, puis de St Fulgent ». Les regroupements, elle en a connus dans sa vie d’élue ou sur un plan professionnel. « Un comité de pilotage s’est mis en place puis nous avons soumis le projet au vote de tous les adhérents de nos 3 clubs : 94% étaient favorables. Le jour où dans la salle de Basket on n’entendait plus ‘Allez Chauché, Allez Chavagnes, Allez St Fulgent, mais Allez BCCFV, c’était gagné ».

Une évolution dont elle aurait pu se satisfaire en tant que présidente. « On a mis en place le Baskin, du basket inclusif où des joueurs valides et non valides (du centre Perce-Neige) jouent ensemble ». Au BCCFV on embrasse tout ce qui contribue à développer la citoyenneté : la prise en compte de la différence, l’adhésion à l’association ‘Le Colosse aux pieds d’argile’ qui verra son initiateur Sébastien Boyer venir parler pédophilie devant une salle de 300 personnes, consommations moins sucrées avec une pomme plutôt qu’un gâteau au chocolat…Autant de mesures qui vaudront au club les 3 étoiles du Label Citoyen, un privilège partagé par seulement 43 clubs au plan national.

Avec ce club, Françoise retrouve l’ambiance des soirées d’Antan chez elle au Fenouiller. « J’aime m’amuser, dans la vie associative comme au travail. C’est ce que mes parents m’ont appris : quand on a rien, s’amuser, chanter, c’est des bons moments de vie ». Sa famille a été éprouvée par le cancer. Elle-même l’a combattu en 2019 en regardant le bon côté des choses. « Sur le plan familial, j’ai vécu une année extraordinaire ». Sans oublier sa famille du basket. « Un soutien incroyable » qui lui donne encore de l’émotion.

Françoise qui pourrait légitimement s’enorgueillir de toutes ses réalisations préfère conclure en relatant l’histoire de cette femme érythréenne reçue dans un des centres dont elle a la responsabilité. « Elle est arrivée en 2015 avec deux enfants dont l’un a pleuré non-stop durant 15 jours. Le papa avait été décapité sous leurs yeux ». Que dire de plus ? « Si ce n’est d’aider l’autre pour que sa vie soit plus belle ».