Transmettre de l’info est son leitmotiv, sa passion. Aux manettes de la matinale sur TV Vendée, Caroline sait allier sincérité et professionnalisme pour mettre en avant ses ‘sujets’. Sans fioriture, le verbe juste, elle observe, cherche à comprendre, restitue… Son métier l’oblige ; son appétence pour la mise en relation de l’invité et du téléspectateur l’enchante. La diversité des rencontres, des évènements, lui offre un poste d’observation privilégié.

Elle aurait pu être institutrice, une âme protectrice pour des enfants en soif d’apprendre. Le monde des médias l’a happée. Originaire d’Angoulême, c’est à Poitiers qu’elle grandit. « Après le Bac, j’ai fait une classe prépa littéraire à Paris, puis une fac de langue à Poitiers avant de partir faire mon année Erasmus en Allemagne. » Elle fera ensuite l’école de journalisme de Toulouse. « J’en ai retiré tout le socle professionnel, mais c’était aussi l’école de l’humilité. Le métier dont je rêvais depuis l’âge de 10 ans devenait à 22 ans celui que je voulais faire plus que jamais. » Son préalable est de porter un intérêt sincère aux gens. « Il faut rester neutre, ce qui n’est pas si simple tant on a un vécu, un prisme, une façon d’aborder toutes les questions. Il faut être le plus juste possible. »

Elle fera ses débuts à Radio France. « Des contrats de 3 jours à 3 mois dans une quinzaine de villes, et ce pendant deux ans et demi. Exaltant, mais épuisant. » Caroline raccroche le micro. Elle fait la rencontre de son futur mari, un Vendéen. « TV Vendée recherchait un journaliste reporter d’images (JRI), un métier de terrain que j’avais appris. Rapidement, j’ai alterné terrain et présentation du journal télévisé. » Une première aventure de 5 ans avec TV Vendée qu’elle sera obligée de rompre suite à la mutation de son mari à Tours. « J’ai trouvé un poste à La Nouvelle République, au desk France Monde. » Elle est pressentie pour gagner en responsabilité quand, après trois années tourangelles, son mari a une nouvelle opportunité en Vendée.

Avec un profil littéraire et un penchant pour l’économie, elle rejoindra la rédaction de la Vendée Agricole. « C’est aussi notre métier d’apprendre. Ça a été une découverte passionnante de ce milieu si important dans ce département. » Elle deviendra rédactrice en chef adjointe fin 2020, quelques mois avant que la télé ne lui fasse un nouvel appel du pied. « On me proposait la matinale… Le poste dont je rêve depuis que je suis diplômée ; je n’ai pas trop hésité. » Les téléspectateurs de la chaîne locale ont retrouvé une Caroline qui, dans l’intervalle, a donné naissance à deux enfants.

Ce nouveau challenge suppose une organisation fine. « Lever 3h30 ; arrivée à la télé à 4h10. Avant la prise d’antenne à 7 heures, je dois dépiauter toutes les infos reçues, les hiérarchiser, concilier les sujets nationaux, qui auront une résonance ici, et l’actualité purement vendéenne, celle du bout de la rue. » La tranche de deux heures est rythmée par les JT, agrémentés de plusieurs chroniques. « J’attaque ensuite la deuxième partie de journée avec une casquette de rédactrice en chef. C’est la conférence de rédaction pour définir les contenus des journaux du midi et du soir, en fonction des sujets déjà tournés, ou des évènements que nous couvrons en journée selon les ressources humaines disponibles. L’équipe est constituée de dix journalistes. Il faut également préparer des émissions spéciales, comme en cette période préélectorale. » Caroline débauche en début d’après-midi ; la journée familiale débute à la sortie de l’école, quand elle récupère ses deux enfants.

Elle se réfère à Christophe Hondelatte pour sa façon de raconter ou à Samuel Etienne par sa proximité avec ses auditeurs et son professionnalisme. Les aléas du direct l’amusent. « Je me souviens que, lors d’une soirée électorale, tous les spots ont sauté, me plongeant dans le noir pendant une bonne minute, sans prompteur. Je continuais à commenter les images émises depuis la régie. » Acrobatique ! Caroline retient plutôt la richesse des rencontres. « En dehors du temps de caméra, il y a l’avant, parfois fait d’appréhension chez l’invité, puis l’après. » Elle aime partager son métier. « Il m’arrive d’inviter des téléspectateurs sur des tournages. » L’occasion de mesurer l’attachement des gens à la télé. « Il y a une vraie tendresse entre les gens d’ici et la télé. Quand on se déplace avec les voitures logotées, ça suscite la curiosité. On essaie d’adopter un ton différent des autres médias, avec 3h30 de programmes frais, bien supérieur aux exigences du CSA. Nous avons trois rendez-vous d’infos avec une ou deux émissions neuves par jour. Le contenu, c’est à la fois notre singularité et notre richesse. » Le métier l’oblige à se blinder en certaines circonstances. « Parler de l’actualité internationale en ce moment, alors que j’ai de la famille en Russie et en Ukraine, m’oblige à scinder ce qui relève du privé et du professionnel. » Une armure qu’elle laisse tomber lorsqu’elle est avec les siens. « Je leur dis la chance qu’on a d’être ici. »

Caroline fait aujourd’hui le métier dont elle a toujours rêvé. A ses yeux, le fruit de trois circonstances particulières. « L’encouragement de mes parents qui n’ont pas lésiné sur mes études dès lors que je leur ai dit que je voulais faire ce métier. Aujourd’hui, sans mon mari qui assume parfois plus de la moitié des charges des enfants (7 ans et 3 ans ½) et de la maison, je ne pourrais pas exercer. » La troisième raison ? « Le camouflet que je me suis pris lors d’un entretien pour une prépa durant mes études. On m’a dit que j’avais une vision du métier de journaliste à paillettes, exactement l’inverse de mes convictions sur ce métier. Ce refus, vexatoire dans un premier temps, m’a obligée à emprunter un autre parcours, sans lequel je ne serais pas là aujourd’hui. Ça m’a démontée, et peut-être construite ? J’y repense souvent. » Son statut de rédactrice en chef féminine, une première à TV Vendée, gomme les aspérités d’un parcours marqué par le travail et la volonté.

Des qualités qui font d’elle une marcheuse persévérante sur les pentes de l’Himalaya ou bientôt du Kilimandjaro. « C’est mon mari qui m’a initiée à la marche ; on va souvent dans les Pyrénées. Après un trek au Népal pour notre voyage de noces, nous espérons enfin faire le toit de l’Afrique après plusieurs reports liés à la pandémie. J’aime cet exercice, un défi qui permet de faire le grand vide. » Le défi, ce moteur. « Pour savoir si on peut faire, il faut tenter. C’est applicable dans plein de situations. On peut avoir des objectifs mesurés, accessibles, et des rêves plus grands. » Sans tomber dans l’illusion. « C’est souvent le fruit de gros efforts. C’est comme ça que je regarde mon parcours professionnel. J’ai le sentiment d’être toujours dans la construction. Je savoure. L’étape d’après, ce sera de concilier encore mieux le boulot et la vie perso. »