La pandémie est venue jouer les trouble-fêtes chez Amy, la vingtaine tout juste dépassée. A l’époque, elle foisonne d’idées, envisage de partir comme fille au pair aux Etats-Unis. Tout tombe à l’eau…ou presque. Son envie d’ailleurs lui a permis de rencontrer de nouvelles personnes. Deux ans plus tard, elle travaille près de Sommières dans le Gard, un domaine résidentiel et viticole où elle a réussi à convaincre son employeur de créer son poste de chargée en évènementiel.
Ce n’est pas naturel de quitter une région quand rien ne pousse à partir, que la vie coule son petit bonhomme de chemin. « J’étais réceptionniste dans un hôtel près de Montaigu, en CDI. C’était bien, mais pas assez pour moi qui avait une grande envie de découvrir autre chose. J’avais été recrutée deux jours après avoir reçu ma mention complémentaire en accueil et réception. Je ne voulais pas m’enfermer sur cette voie ; je voulais découvrir autre chose. Je suis partie au bout d’un an et demi ».
Les projets, elle n’en manque pas. « J’avais envie d’ouvrir un bar avec un ami sur Montaigu. Les papiers étaient prêts. Mais avant de m’engager dans la durée sur un tel métier, je voulais vivre une aventure d’un an à l’étranger : fille au pair aux USA. Au retour j’ouvrais le bar…Le Covid en a décidé autrement. Patatras ». Pendant le processus qui permet de devenir fille au pair, elle rencontre Charlène animée du même projet, qui devait rejoindre une famille tout près de celle d’Amy. « On a su un mois avant qu’on ne pourrait pas partir ; nous étions cassées ». Elle l’a invitée chez elle à Montpellier. « J’ai adoré l’ambiance, l’esprit d’ouverture des gens, la facilité pour se socialiser, la région elle-même, bien que nous fussions en janvier. Ce n’était pas les USA, mais c’était ma ‘porte’ pour découvrir autre chose ».
Amy prend connaissance d’un job d’été, à pourvoir en avril, dans un domaine viticole de la région. « Moi qui n’avais jamais tenu le sécateur, j’ai commencé par la taille de la vigne. Je devais faire 15 jours ; faute de personnel ça a duré un mois et demi. C’était dur physiquement de travailler en étant toujours courbée, avec de la chaleur dès le mois d’avril. J’ai bêché, réalisé diverses tâches. Ça endurcit et quand durant la saison on m’interrogeait sur le travail de la vigne, je savais de quoi je parlais ». Sa mission d’été se passe principalement au caveau du domaine. « J’organisais les dégustations et j’assurais les ventes principalement ».
Avec sa collègue Garance, elle constate un déficit sur l’animation au sein du domaine. « En saison, les gens adorent les soirées à la fraîche pour déguster. Nous avons créé une première animation fin juin qui a rassemblé 280 personnes. Plus que nous imaginions. On a bouclé la mi-octobre par la fête des vendanges. Entre les deux, chaque semaine nous allions aux Estivales, 3 soirs par semaine, ces marchés où les touristes dégustent tout en découvrant les produits locaux ». Amy a bien remarqué que l’évènementiel est le point faible du domaine. « J’ai créé mon poste en le rendant indispensable. Je signe mon CDI le 1er mars prochain pour mettre en place l’évènementiel ». Une expérience qui viendra s’ajouter au CV. « Si un jour j’ai envie de changer, je reviendrai peut-être vers un projet de bar, tout en restant sur cette belle région ».
Bien qu’elle soit heureuse de son parcours, la période du Covid l’a affectée. « Le premier confinement a coupé court à ma première saison en Savoie. Je me suis retrouvée à ne plus rien faire pendant 3 mois. Tous mes projets étaient remis en cause. Je voyais bien que le phénomène touchait tout le monde ; pour autant je ne comprenais pas cet acharnement sur ma personne. Je me morfondais jusqu’à ce qu’on me propose ce job à Massereau qui m’a redonné le peps ». Ce grand coup de frein général lui avait pourtant permis de découvrir autre chose. « On a beaucoup joué à la maison et on a fait beaucoup de choses inhabituelles. C’était le bon côté ».
Mais dès que l’oiseau a vu la volière s’entrouvrir, il s’est échappé direction le Sud. « Mes parents étaient mitigés entre « notre bébé part » et « il faut qu’on la laisse faire ses expériences ». En plus, ma sœur est partie au même moment pour ses études à Nantes. Quand ma mère a réalisé que je partais définitivement, elle a craqué ».
Amy lui est pourtant très reconnaissante. « Elle m’a transmis de belles valeurs que j’essaie de faire miennes. ‘Il ne faut pas donner pour recevoir’. Je donne de mon énergie, de ma bonne humeur de mon temps. Dès lors qu’on fait le bien autour de soi, on ne peut recevoir que du bien ». Elle voit dans son parcours comme un karma. « Si je ne suis pas allé aux USA c’est peut-être parce que je devais aller à Montpellier pour m’épanouir aujourd’hui dans mon travail chez Massereau ? ».
De son jeune itinéraire, elle tire cette leçon. « Sortir de ma zone de confort est la plus belle chose qui me soit arrivée jusqu’ici. C’est ce qui me permet de m’accomplir ».
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