Le syndrome de la page blanche est probablement un point que je partage avec Jean-Baptiste. Lui aussi passe ses journées à écrire, dans la Dépêche du Bassin, un hebdo qui traite uniquement l’actualité des environs d’Arcachon. S’il habite la Gironde depuis bientôt 14 ans, il reste attaché à son bocage où il revient régulièrement.
Au lycée, il n’avait pas de plan de carrière établi. « Le journalisme faisait partie des possibilités. J’hésitais avec le professorat ». En histoire par exemple. « En études supérieures à l’ICES de la Roche sur Yon, j’ai fait Histoire et Sciences Po ». Rentré chez lui le week-end, il court de manifestations associatives en mairie, en tant que correspondant de presse pour Vendée Matin. « Je tâtonnais au début, et plus ça allait, plus ça me plaisait ». Il pousse la porte de l’Ecole du Journalisme de l’Ouest. « Un an d’école et me voilà sur le terrain. Faire de la locale en presse écrite, c’est ce dont j’avais vraiment envie ».
Il fera différentes petites missions avant d’entrer à la Dépêche du Bassin, phalange arcachonnaise de Sud-Ouest. « J’ai commencé à Blaye, au milieu du vignoble, dans un petit journal ». Transmettre l’information le passionne. « On se rend vite compte qu’il y a des gens extraordinaires avec des histoires parfois incroyables dans presque chaque rue de chaque village de France ». Jean-Baptiste reste attaché à l’indépendance de la presse. « La frontière entre la communication des entreprises ou des collectivités et l’information est parfois peu perceptible. Le regard indépendant du journaliste apporte un éclairage apprécié du lecteur ».
Il baigne dans une petite équipe de quatre journalistes polyvalents pour un hebdo qui diffuse entre 5 et 7000 numéros selon la saison. « Le journal papier a encore toute sa place, y compris chez les actifs. Nos ventes ne subissent pas ou peu la concurrence des réseaux sociaux où l’info locale ne trouve pas toute sa place. D’une certaine façon, notre journal est à contre-courant, et c’est précisément ce qui plait aux lecteurs qui trouvent là une source fiable ».
Attaché à ses origines vendéennes, il apprécie cependant la douceur girondine. « Il y a pire comme cadre de travail ! Ma compagne a trouvé un emploi qui la passionne six mois après notre arrivée. Nous avons bien vécu notre mobilité professionnelle ». Les racines demeurent très présentes chez lui. « L’identité vendéenne n’est pas un vain mot. On remonte environ tous les deux mois, nos deux familles étant vendéennes. Nous nous sommes connus au Puy-du-Fou quand nous étions saisonniers ». Il a conservé ses relations de camaraderie. « J’ai toujours plaisir à revoir les potes, me balader le long de la Sèvre ou au milieu des veilles pierres à Saint Laurent ». L’histoire l’anime toujours autant. « C’est aussi pour ça que je me sens encore profondément vendéen ».
Jean-Baptiste préfère observer le bon côté de la médaille lorsqu’on évoque la période actuelle. Tout au moins, il relativise. « C’est perturbant, mais tant que la santé est là, je ne vais pas commencer à me plaindre. Je me dis que nos anciens ont connu bien pire ». Il s’interroge sur l’uniformisation du monde. « C’est quoi la différence entre un français, un espagnol ou un américain. Je ne considère pas être rétrograde en disant que je regrette l’époque où les différentes identités étaient plus marquées ». Comme beaucoup, il mesure l’impact des réseaux sociaux sur la jeune génération. La sur-connexion intervient aujourd’hui dès l’âge de 12 ans, avec des jeunes qui ont accès à tout sans avoir la maturité adéquate. Cela crée un fossé qui peut amener de l’incompréhension de part et d’autre ».
Son défouloir depuis quelques années est de chausser les tennis pour aller courir en forêt. « Je suis l’exemple de mon père qui est bon coureur. Désormais j’arrive à le suivre ». Jean-Baptiste aime l’exercice au grand air. « Depuis trois ans, on part tous les étés faire des randos avec des ânes, pour passer 4 ou 5 nuits en montagne avec des amis, en Ariège ou dans les Pyrénées. On emmène notre plus grand de 7 ans. Pas encore sa petite sœur qui n’en a que 3 ! ». La musique est également pour lui une bonne compagne, plutôt celle des années 60/70. « Il y a des artistes que j’écoute beaucoup depuis toujours. Si je dois en citer un, je dirais Neil Young ».
En guise de conclusion, Jean-Baptiste revient sur le monde, parfois en perte de repères. Lui défend la proximité. « Il faut privilégier les circuits courts. C’est vrai aussi pour l’information locale. Ce n’est pas nécessaire d’aller à 1 000 kilomètres. Il y a tellement de choses qui peuvent nous réconforter juste à côté de chez nous ! ».
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