Pour panser ses plaies, André, mieux connu dans son entourage sous le nom de Dédé, s’est investi plus que d’ordinaire dans son travail, puis dans ses engagements citoyens. Il travaille dans la machine agricole, devient sapeur-pompier, puis secouriste au sein de la section de la Protection Civile. Sans oublier les multiples coups de mains, au comité des fêtes de Coëx entre autres. Un cœur blessé qui stimule son dévouement envers les autres.

Originaire de Riaillé (44), Dédé est arrivé à Coëx en 1987. Par ses multiples engagements, il est bien connu dans sa commune. « J’ai fait ma carrière dans le machinisme agricole chez Braud où je suis rentré en 1965 à St Mars la Jaille. Auparavant, j’avais travaillé 4 ans dans une entreprise (CGEE) qui fabriquait des poteaux électriques. J’enlevais le béton qui coulait en dehors des moules, souvent dans des conditions pénibles, en particulier lors de l’hiver très froid de 1963. Je n’en pouvais plus ».

Chez Braud, reconnu dans son travail, il gravira les échelons pour devenir responsable de la finition avec une dizaine de personnes dans son équipe. « J’ai suivi les déplacements de l’entreprise, à Angers avant un retour au siège d’origine, puis l’installation à Coëx. Je donnais beaucoup dans mon travail ; c’était un peu une échappatoire… ».

Tout au long de sa vie, Dédé a dû se débrouiller seul. Né de père inconnu, sa mère fût rejetée par ses parents lorsqu’ils ont su qu’elle était enceinte. André a été élevé par sa marraine. « Ma mère s’est mariée, j’avais 5 ans. J’étais l’enfant à qui on ne faisait pas de cadeaux. J’emmenais mes deux frères à l’école sur mon porte bagages, me coltinait leur repas du midi sous le préau. A la maison, les tâches ingrates m’étaient souvent dévolues ». Lui qui travaillait depuis l’âge de 14 ans donnait son salaire à ses parents jusqu’au service militaire. « J’avais si peu d’argent de poche, que durant mon service, je me procurais difficilement la nourriture que nous apportaient des civils allemands par le grillage tant nous étions mal nourris durant un mois à Trèves ».

Il se marrie en 1969. Sur l’extrait d’acte de naissance, il découvre ce qu’on lui a toujours caché. « Le nom de mon père n’était pas celui que je connaissais. Découvrir ça à 22 ans…J’en ai voulu à mes parents. J’ai compris pourquoi j’étais rejeté. Toute ma vie, j’ai porté cette histoire ». Sa souffrance ne s’arrête pas là. « Mon épouse, touchée par la myopathie, est décédée à 43 ans. Cette maladie a aussi été fatale pour nos enfants morts à la naissance ». Dédé se demande quel sort s’acharne sur lui ? « C’est par le travail que j’ai réussi à surmonter tout ça. Heureusement que j’aimais bosser ! ».

En 1993 il rencontre Nicole qu’il épousera par la suite. Changement de vie avec le plaisir de la marche et les voyages.  Il prend sa retraite en 2008. « Ça coïncidait aussi avec la fin de ma carrière chez les pompiers. J’y suis resté une bonne dizaine d’années. J’ai poursuivi à la Protection Civile en apportant mon expérience. Quand les collègues sont au travail la semaine, moi je suis disponible pour dépanner. J’aime rendre service. C’est un besoin pour moi ». Quand il se promène dans la campagne, il a toujours un œil sur les machines agricoles. « Récemment dans le sud de l’Espagne j’ai reconnu des machines à vendanger ou celles qui récoltent les olives ». Investi dans l’équipe de la paroisse, il participe à l’entretien des calvaires ainsi qu’à l’installation de la crèche à Noël.

Ses loisirs il les consacre au bricolage et au jardin. « Je vais faire celui d’une voisine qui est seule depuis plusieurs années ». Il pratique la pêche à la palourde. « Si je n’ai rien par ailleurs ! ». La politique, il la laisse de côté. « J’ai parfois du mal à comprendre certains jeunes qui ne s’investissent pas suffisamment dans les associations ». Alors il se console en écoutant de la musique, des airs d’accordéon de son époque. « Ça c’est valable ». Et puis le soir, en rentrant à la maison, il aime se planter dans son fauteuil pour écouter Nagui. « Ça me donne de la gaieté et de la joie de vivre ».