Sa grand-mère lui disait : « Ma petite fille, tu es faite pour aider les autres ». Une phrase que Lydie a toujours gardée en elle, que ce soit en sa qualité de sapeur-pompier, que ce soit comme assistante funéraire. Elle sait faire sauter la carapace protectrice quand il le faut, trouver l’équilibre entre la tristesse de certaines situations et le réconfort d’instants plus joyeux.
Elle qui tient peu en place avait une admiration pour son prof de sports au Lycée Bel Air de Fontenay le Comte. « Même ceux qui n’aimaient pas le sport devenaient fans tant il avait cette capacité à entraîner, avec une niaque incroyable. J’avais envie de reproduire ce qu’il dégageait auprès des autres. J’ai passé un brevet d’éducatrice sportive et je l’ai assisté durant 2 ans ». Elle touchera par la suite à différents petits boulots (ambulancière, électromécanicienne) avant d’intégrer la mairie de Mouchamps. « Je m’occupais de l’ADMR et du conseil municipal des enfants ainsi que la bibliothèque municipale. Ma plus grosse occupation a été le foyer des jeunes ; ils étaient 163 au plus fort de la fréquentation. Ça bougeait bien ; le souvenir de très belles années ». Un poste de médiatrice du livre se libère à la communauté de communes. « Durant six ans, j’apportais un soutien aux huit bibliothèques du canton ».
Le métier d’assistante funéraire, elle l’exerce depuis 10 ans. « Un copain avait ce projet sur la Caillère. Quand il me l’a proposé, j’ai tout de suite eu le sentiment que cela pouvait me convenir. J’étais proche d’un ami pompier, qui avait aussi son entreprise funéraire, parti trop vite. Il était doté d’une relation humaine admirable. Ça m’a aidée à prendre ma décision pour accepter ».
Lydie maîtrise son appréhension face au deuil. « Ma carrière chez les pompiers m’a appris à réagir dans l’urgence. C’est assez semblable dans le cas d’un décès. Être dans l’empathie tout en organisant les choses. Mon réconfort, c’est quand je ressens de l’apaisement dans les familles. On leur dit : Appuyez-vous sur nous, restez disponibles pour les vôtres ».
Lydie vient d’être promue au grade de Lieutenante après 30 ans de carrière chez les sapeurs-pompiers, dont les cinq dernières comme chef de centre. « Quand je suis rentrée, il y avait très peu de femmes chez les pompiers. Le chef de centre de l’époque était sceptique me répétant que ce n’était pas un métier pour les femmes. Une pompier pro, la première en Vendée, m’a soutenue. Ça valait bien un clin d’œil au chef de l’époque, 30 ans plus tard ». Lydie aime combattre, quitte à parfois dépasser ses limites. « J’ai la niaque, mais je peux aussi tomber très bas. Généralement je remonte vite ; c’est ma force ».
Son bilan est fait de moments difficiles. « Il m’a fallu prévenir une amie, en présence du maire, pour le décès de son mari alors qu’elle était enceinte. Des moments très durs, impossibles à oublier. Comme cet accident d’un jeune, le fils d’une collègue ». Même en dehors du cercle proche, l’émotion est toujours au plus fort. « Nous sommes humains et nous ne pouvons échapper à cette douleur ». Se blinder est pourtant nécessaire. « Il faut qu’on se protège pour continuer à exercer dignement le métier ». Cela suppose une aptitude devant l’épreuve. « Je ne peux être autrement ; je ne me pose même pas la question ». Les bons souvenirs ne manquent pas. « Des fous-rires entre pompiers, parfois même avec les victimes une fois l’inquiétude retombée après un petit malaise. Et puis bien sûr : les naissances. Ce sont des moments comme ça qui nous apportent l’énergie ».
Depuis 5 ans Lydie a pris la responsabilité du centre de la Caillère. « Ce n’était pas une demande de ma part. Devant l’insistance et surtout par défaut d’une autre solution, j’ai fini par accepter ». La voici aux commandes des 24 sapeurs-pompiers. « Je suis restée cheffe pendant cinq ans. Une belle expérience qui m’a aidée à avoir un regard différent ». Sur l’ensemble de sa carrière (30 ans), elle a constaté l’évolution des pratiques. « À titre personnel, je commençais à ressentir mes limites physiques sur certaines interventions comme les incendies. Je ne voulais pas aller trop loin et mettre la vie de mes collègues en danger ». La technologie a par ailleurs coupé des liens humains qu’elle appréciait. « Les gardes sont programmées automatiquement. Ça a diminué beaucoup de nos liens. D’une façon générale, les protocoles deviennent trop rigides à mon goût ».
Cette maman de deux enfants, Sacha et Maxence, originaire de la Châtaigneraie a refait sa vie ici, à la Caillère. « J’ai habité 20 ans à Mouchamps. Je suis venue ici à la création du funérarium ». Elle est sportive. « J’aime beaucoup les balades à moto. La course à pied me permet de me libérer énormément ». Elle apprécie les relations amicales. « Ça compte beaucoup pour moi ».
Elle ne réfute pas l’assimilation au garçon manqué. « Je me souviens qu’à l’école, je n’étais pas attirée par les cancans de petites filles ». Elle suit son bonhomme de chemin, au gré de ses envies. « Je ne suis pas du genre à aduler quelqu’un en particulier. J’aime tout le monde, surtout celles ou ceux qui ont la niaque, cette forte envie d’avancer quel que soit le contexte. J’espère avoir transmis aussi cette disposition auprès des jeunes sapeurs-pompiers ».
En guise de conclusion, elle cite Nelson Mandela : « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à la vaincre. Je ne perds jamais ; soit je gagne, soit j’apprends ».
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