C’est durant la soirée Miss France que Léo a appris sa victoire au concours Mister France Agricole. Si le parallèle avec les pin-up l’amuse, il ne crache pas dans la soupe. La visibilité offerte par le concours lui permet de promouvoir une belle image de l’agriculture. Et c’est avec plaisir qu’il reçoit les médias au Landreau à la Verrie pour vanter une production assez méconnue : le pigeonneau.

L’histoire est récente et part d’un défi entre copains. « Ils m’ont encouragé il y a 3 ou 4 semaines. Je n’avais rien à perdre, mais je ne m’attendais pas à cette belle issue. J’imaginais quelques dizaines de clics sur ma candidature ; il y en a eu plus de 1000 au final ». Le jury retient les 30 premiers du seul réseau de vote Facebook, puis désigne le vainqueur. « Vers 23 heures, j’ai reçu plein de messages. Je ne peux pas dire ce qui a fait la différence. Peut-être le fait que je ne sois pas issu du milieu agricole ? Peut-être l’originalité de mes productions ? Je participe à des recherches sur la génétique pour développer des viandes de qualité, et j’ai planté un grand verger où les gens peuvent cueillir eux-mêmes leurs pommes ». Léo a le souci de renvoyer une image positive de l’agriculture. Peut-être le point déterminant pour un métier parfois décrié. Depuis, son téléphone sonne un peu plus qu’à l’habitude. « J’ai été appelé par des radios locales, pour des émissions de télé. Ça me permet de rencontrer du monde, c’est sympa ».

Originaire de la Plaine dans le Maine-et-Loire, Léo a fait des études de gestion et de protection de la nature. Il sait aussi faire rimer ‘agriculteur’ et ‘entrepreneur’. « J’ai l’attrait de la terre et le goût d’entreprendre. J’ai trouvé cette exploitation qui était à vendre alors que j’avais tout juste 20 ans. On m’a regardé d’un œil interrogatif quand j’ai dit que c’était pour du pigeon. J’avais déjà travaillé dans un élevage qui en plus des pigeons comptait également des autruches ».

Le choix de cette production ne relève pas du hasard. « On respecte vraiment le mode de vie de l’animal. Les couples de pigeons incubent leurs œufs, élèvent les petits, vivent en volière avec de l’alimentation à volonté ». La viande de pigeonneau attise les papilles sur les tables des meilleurs restaurants. « C’est un des fleurons de la gastronomie française ». Malheureusement, quand la restauration ferme en période de confinement, les producteurs souffrent.

Alors Léo met cette période à profit pour poursuivre ses recherches dans son atelier de sélection génétique. « Je travaille en partenariat avec Grimaud Frères Sélection. Nous sommes les seuls en France et peut-être dans le monde à faire de la sélection sur le pigeon de chair ». Un bel avantage pour prospecter les marchés étrangers. « On travaille avec la Pologne et les Emirats arabes. C’est aussi pour moi l’occasion de m’ouvrir à d’autres cultures lorsque je reçois des représentants de ces pays dans mon élevage. Notre pigeon est connu sous le nom de Mirthys ».

Cette envie de bien faire se retrouve à tous les stades de son exploitation. « J’élève des bovins avec un label qui me permet de toucher le haut de gamme en viande ». Léo aime bien innover. « J’ai créé un verger de pommiers un an après mon arrivée dans la ferme. Aujourd’hui la clientèle peut venir en libre cueillette. Cette année j’implante la poire ». En attendant probablement d’autres fruits. « Je fais des essais sur la framboise, l’abricot, le prune… ». Ses journées ne sont plus assez longues. « Les semaines, c’est souvent 2X35 heures. Il faut que je recrute ; je n’ai plus le choix ». Ce qui ne l’empêche pas de se soucier de l’agrément de son exploitation. « Ça fait partie de l’accueil et ça contribue à donner une image différente de la ferme boueuse où on ne peut aller qu’en bottes ». Il a d’ailleurs gagné le concours départemental des fermes fleuries.

Accaparé par son exploitation, Léo vit seul, pour le moment. « J’aime bien le sport, la course à pied, le vélo… même si je lève un peu le pied ! J’aime aussi beaucoup les oiseaux. Je veux créer des volières, pour le plaisir. Je viens également de passer ma capacité pour élever un couple d’émeus. Considérés comme dangereux, ces animaux nécessitent un diplôme spécial. J’aime bien sortir des sentiers battus ».

S’il ne nie pas les menaces qui pèsent sur ce monde, il veut garder de l’optimisme. « On est face aux défis du changement climatiques qui impacteront forcément l’agriculture. Il me semble important de l’intégrer dès à présent. Les générations précédentes ont aussi eu leurs défis ». Sensible à la biodiversité et à l’environnement, il reste ouvert. « J’aime regarder ce qui se fait ailleurs. Je suis loin de tout savoir. J’aime bien écouter les anciens et leur bon sens ». La botanique est aussi une de ses passions. Mister France Agricole n’a pas les deux pieds dans le même sabot !