Raymond fait partie de ces bénévoles qui ne comptent pas leur temps. Ces jours-ci, il vient de brasser la fressure à Réaumur, avec l’équipe dont il avait la responsabilité. C’est la cheville ouvrière des rendez-vous conviviaux. Il fait des méchouis depuis près de cinquante ans, jusqu’à quarante par an. Dès qu’une association organise un repas, on lui fait appel. Même s’il aspire à lever le pied, il a encore du mal à dire non. Une occupation qui a rythmé toute sa vie.

Il était agriculteur, alors qu’il aurait aimé être restaurateur. « Mes parents m’ont dit : c’est toi le plus vieux, tu dois rester à la ferme. Alors pour concilier les deux, j’ai commencé à faire des extras le week-end. J’aime beaucoup la convivialité ; j’aime cuisiner. Je tue la bête que je prépare ensuite, avant de la faire cuire. J’ai fait des mariages jusqu’à 300 personnes ». Pas étonnant qu’on lui fasse appel pour les grandes manifestations. « Pour la fressure, on prend la viande chez Paul Bégein à St Malô, une tonne et 250 litres de sang. On cuit tout doucement pendant sept heures pour faire plus de 2000 barquettes de 500 gr au final. Tout ça se passe dans une très bonne ambiance ».

Il compte beaucoup de copains dans les environs. « Des gens que j’ai rencontré à l’occasion des fêtes. Moi, je n’aime pas les conflits. Je fais tout ce que je peux pour faire plaisir aux gens. A Réaumur, j’ai fait aussi le repas des chasseurs pendant 18 ans. Ah, j’en ai fait de la bouffe ! ».

Et quand il n’est pas derrière ses fourneaux, il pêche, ou il chasse. « J’adore la nature, pêcher du côté de la Faute sur mer : du bar, du mulet, de la sole ». Il s’amuse du diction « chasseur, pêcheur, menteur ». « On chasse aussi le gros gibier près de la forêt de Mervent ». Il ne comprend pas les procès fait aux chasseurs responsables. « On respecte la réglementation. Tout est contrôlé par bracelet. Les espèces continuent de se développer. Si on ne régule pas, il faudra trouver d’autres moyens d’éliminer certaines espèces ; faut pas rêver ».

Il considère que les relations étaient plus simples, plus aisées autrefois. « Aujourd’hui il y a beaucoup de méfiance entre les gens. Ce n’est pas très bon. Je crains que les plus jeunes aient des temps difficiles à passer ». L’environnement suscite chez lui des réflexions. « Je suis membre d’une association qui refuse l’implantation d’éoliennes à 500 mètres de chez nous. D’un côté, on réhausse avec des grillages les abords de la rocade pour protéger les chauves-souris, et là on laisse s’installer des éoliennes dont on sait qu’elles font des ravages auprès de la faune nocturne. C’est facile à vérifier en se promenant au pied ».

Raymond n’a pas besoin de faire de sport. « Je bouge assez comme ça ». La lecture ? « Le chasseur Français et Sélection du Reader’s Digest. Il y a beaucoup de reportages sur la nature ». La télé, il la regarde tous les soirs. « La politique devient un peu bizarre ; on ne sait plus pour qui voter. Non, moi je préfère les émissions comme ‘rendez-vous en Terre Inconnue’, ‘des racines et des ailes’, tout ce qui touche la nature ça me fait voyager ». Des voyages il en a fait quelques-uns depuis qu’il est à la retraite. « L’Afrique du Nord, le Sahara. Un superbe accueil, pour moi et ma femme ». Alors pourquoi pas davantage ? « Je n’ai pas le temps ! Mes enfants me disent souvent : mais qu’est-ce que tu attends ? ».