Travailleur de l’ombre, le costumier joue un rôle déterminant dans la réussite d’un spectacle. Il donne vie au personnage que l’acteur incarne. En faisant appel à Olivier Beriot en 2006, le Puy du Fou met la main sur un créateur de renom. Il s’est illustré à diverses reprises auprès de Luc Besson, a été nominé à trois reprises pour les Césars des meilleurs costumes. Outre le cinéma, il signe les costumes d’une dizaine de ballets à l’Opéra de Paris. Son nom apparaît dans la distribution d’Opéras donnés dans les salles les plus prestigieuses d’Europe : du Royal Opéra House de Covent Garden à la Scala de Milan.
Sa passion pour le vêtement remonte à son enfance parisienne. « Ma maman cousait beaucoup ; elle a toujours fabriqué les habits de ses cinq enfants. A 10 ans, j’utilisais la machine à coudre pour habiller mes marionnettes et mes poupées ». Pour répondre au souhait de ses parents, il débute des études en médecine. « Ça se passait très bien, mais un jour j’ai eu peur d’avoir des regrets de ne pas faire de la couture ». Il bifurque vers une formation de styliste modéliste. « J’ai fait deux contrats dans la mode avant de devenir assistant de créateur de costumes à l’Opéra de Montpellier fin 1988 ». Il fait dix ans d’assistanat avant de devenir chef. « De fil en aiguille, j’ai tissé mon réseau. J’ai créé mes premiers costumes de spectacle pour la danse baroque, le théâtre, les petits films, puis les plus gros… ». Sa filmographie est étoffée, mais le créateur de l’ombre reste humble.
Il marque un petit temps d’hésitation quand il évoque l’abandon de ses études de médecine. « J’ai gardé des amis aujourd’hui chefs de service en médecine et je suis admiratif de leur parcours. La connaissance scientifique, les échelons de la hiérarchie médicale, c’est extraordinaire ». Celui dont la devise est ‘La vie est un long stage’ réduit avec une pointe de malice le métier qui pourtant le passionne. « Créer des costumes n’est qu’une succession de prototypes et de cas particuliers que je résous à longueur de journée ». À ceci près que découvrir un Opéra par l’entrée des artistes est tout sauf une routine. « Quand je me suis retrouvé en backstage à l’Opéra de Montpellier, poussé par une costumière qui cherchait un renfort masculin, j’ai trouvé ça génial ».
Sa collaboration avec le Puy du Fou remonte à une quinzaine d’années. « C’était pour Mousquetaires de Richelieu, la première fois qu’ils faisaient appel à quelqu’un de l’extérieur pour la création des costumes ». Les contraintes diffèrent de celles du cinéma. « Pour les spectacles du Puy du Fou, la phase de création est très en amont des projets, deux ou trois ans avant. Ça commence par une idée, souvent incroyable, qui débouche sur un pré-projet avec le lieu, le mécanisme. Les documentalistes vont alors illustrer le projet, nourrir la création du décor qui est toujours en amont de la création des costumes. Une fois ce décor validé, les costumes se décident puis se dessinent à partir du moodboard d’images que j’ai préparé ». Chaque corps de métier s’efforce de sublimer l’idée du créateur ou du metteur en scène. « Dix-huit mois avant le spectacle, je présente mes derniers dessins. On commence les prototypes, les premiers essais avant de corriger le tir si nécessaire. Mon rôle est de me tenir au design ». Quand Olivier présente son costume à l’acteur, il y a souvent une appréhension. « J’écoute et quand je peux, je corrige. Le lendemain ça va déjà mieux ».
Au Puy du Fou, la spécificité tient au nombre de costumes portés par énormément de gens dans un temps record. « On n’habille pas un individu, mais des groupes de personnes de tailles différentes qui le plus souvent doivent se changer très rapidement, notamment à la Cinéscénie ». Chaque année apporte son lot d’améliorations. « Selon les évolutions du moment, on change le tissu, le look, on met plus de détails ». Au plus fort de la saison, l’effectif peut monter à douze couturiers, cinq à l’atelier perruques et une modiste qui vient quelques mois. « Ici, on ne fait que les prototypes ou les toutes petites séries. Au-dessus de trois, le travail est confié aux usines de prêt-à-porter du coin ». Les 35 000 costumes (dont les 12 000 de la Cinéscénie) sont pucés. « Cela contribue à un suivi précis pour le nettoyage, l’usure… ».
Cette passion du costume est dévorante. « Je suis un serveur des artistes, le buvard de toutes leurs demandes, celles des metteurs en scène qui me demandent de faire en sorte que les costumes aillent dans le projet, tout ça avec des budgets maîtrisés. Je n’ai pas d’autre vie. J’ai un copain ; pas d’enfant. De temps en temps, je peux avoir envie de me reposer ». La retraite n’est pas si loin. « J’adore jardiner, faire du vélo ou marcher en montagne où je passe régulièrement mes vacances ».
Il voit plutôt d’un bon œil les avancées de ce monde. « Je suis heureux d’être le témoin de la révolution numérique. Tous ces patrons qu’on manipulait avec des gants blancs par précaution sont scannés ou sur le point de l’être. On accède aux pièces du monde entier en quelques clics. Je l’ai vérifié pour la série Netflix ‘the Spy’. Extra ! ». Olivier fait parfois des projets avec des vêtements de récupération. « Cela fait partie des nouvelles tendances. Il y a aussi beaucoup de jeunes qui cousent leurs habits, le cosplay… ». Les désordres annoncés, économiques ou autres, n’empêcheront pas selon lui l’envie de spectacle. La technique évolue dans la couture comme ailleurs. « Les machines à coudre à ultra-sons, thermocollantes, les vêtements soudés, c’est déjà une réalité. Mais il y aura toujours besoin de costumiers ! ».
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