Originaire de l’Oise, Marc vit aujourd’hui des jours paisibles de retraité avec son épouse toujours en activité. Il apprécie la discrétion et la tranquillité du lieu entre Thouarsais et Saint Cyr des Gâts, près d’où sa famille maternelle a vécu. Sa passion de radioamateur et son expérience l’ont hissé au service de protection des hautes personnalités (SPHP). Il travaillera sous l’ère présidentielle des Giscard, Mitterand et Chirac. Sans oublier quelques voyages pontificaux.

Dans une fratrie de cinq frères et sœurs, il se considère comme le vilain petit canard, tout au moins à l’école. « Je n’ai même pas le certificat d’études. Je rentre ensuite au centre d’enseignement technique, en mécanique, quand j’aurais voulu être électricien ; pas le choix ». Il apprendra l’électricité par la suite, dans un centre de formation FPA où il se donne à fond. Plus tôt, il a rencontré la personne qui jouera un rôle déterminant pour sa vie. « Un ami de mon père, ingénieur devenu moine après le décès de sa sœur handicapée dont il s’occupait. Il venait tous les ans passer un mois de vacances à la maison. C’est lui qui m’a appris la radio. On bricolait les vieux postes avec des transistors ». Une passion était née, une métamorphose pour Marc qui décroche une mention ‘très bien’ à la suite de sa formation.

Sa mère voit une petite annonce comme quoi la police nationale recrute des électriciens. « J’y suis allé sans convictions. 300 candidats pour un poste…Mon profil de radioamateur a dû plaire. J’ai été embauché le 1er avril 1969 à la Préfecture de Police de Paris au service télécommunications ». Après l’armée, lui qui était employé d’Etat passe le concours de gardien de la paix, histoire de pérenniser son poste. « J’ai fait l’école de police 6 mois, travaillé un an en commissariat. C’est indispensable pour être titularisé. Je suis alors revenu au service technique de la Police de Paris ». C’est là qu’il fait la connaissance de Jean-Claude Doret, celui qui avec le ministre Jean Lecanuet décide de mettre en place un service radio pour le Président. « Jean-Claude connaissait mes connaissances techniques et m’a proposé de faire équipe avec lui ».

Ils n’étaient pas si nombreux à pouvoir décrypter les notices techniques rédigées en anglais. Marc y passe ses soirées. Il fait également preuve d’ingéniosité. « Les émetteurs avaient une portée limitée, difficilement raccordables sur des immeubles de 30 étages. J’ai donc mis au point un système de relais, qui pouvait être télécommandé de l’hôtel ou d’une voiture au moyen du talkie-walkie ou d’une radio ». Son invention sera reprise par la police nationale. Une petite revanche pour celui qui était mauvais élève…

Longtemps en détachement de la Préfecture de police de Paris, il sera finalement rattaché à la Direction Générale de la Police Nationale dont dépendent la sécurité des voyages officiels des Présidents de la République. « Le service a connu ses prémices sous Pompidou. La mission était d’assurer les liaisons entre tous les services de sécurité qui entouraient le Président. Il fallait qu’il puisse être joint en cas d’information importante. Inversement, il pouvait avoir besoin de joindre quelqu’un d’autre partout dans le monde. Il n’y avait pas de portables à l’époque ! ». L’avion présidentiel doit pouvoir être joint à tout instant. « Le Chef de l’Etat pouvait être interviewé à sa descente d’avion sur des informations que nous lui avions transmises durant le vol, comme le décès d’un Président. Charge à son équipe ensuite de préparer la réaction officielle ».

« Giscard n’était pas très accessible, Mitterrand encore moins. Chirac était un homme sympathique que j’avais déjà connu lorsqu’il était Premier Ministre. Dans l’avion il n’hésitait pas à venir boire le coup avec nous, pour parler de choses et d’autres, rarement de politique. Il nous connaissait pour notre fonction, savait qui j’étais ». Marc se souvient d’un retour d’un voyage exténuant pour toute la délégation. « Chirac nous a attendu, nous les ‘grouillots’ qui descendions par la passerelle arrière. Il nous a serré la main pour nous remercier (une lettre de distinction suivra). Lui, on le croisait dans les couloirs de l’hôtel où était la délégation en restant naturel. Pour les autres, il valait mieux s’effacer ».

Cette mission qu’il considère quasi comme un amusement lui ouvre des portes dans le monde entier. « Au Kremlin, mais aussi lors des missions françaises à l’étranger comme au Mali. Je me souviens avoir été reçu personnellement par le Roi Hussein de Jordanie, lui aussi radioamateur. Il recevait dans sa station tous les radioamateurs qui venaient dans son pays. Nous échangions d’égal à égal de notre passion commune, la hiérarchie mise de côté. J’ai encore les cadeaux qu’il m’a offert. Je suis allé avec le Président Chirac à son enterrement, celui d’un ami ».

Le Vatican fera appel aux services de la Protection des Hautes Personnalités pour les voyages du Pape, en France, également en Roumanie. « J’ai de nombreux autres souvenirs, en Nouvelle Calédonie avec Rocard où il fallait relier les îles entre-elles ». Les JO ou les Jeux Méditéranéens nécessitaient des installations complexes. « C’était du boulot certes, mais on savait faire. C’était parfois une prouesse technique (comme les émetteurs installés à 3200 mètres autour d’Albertville) avec une vigilance optimale sur la sécurité ». Marc s’amuse à épater un colonel de Gendarmerie qu’il met en liaison directe avec Beauvau, ou encore ce journaliste désespéré de trouver une liaison pour obtenir des billets d’avion pour Nouméa. Lui sait faire.

Aujourd’hui retraité, il porte un regard amusé sur sa vie professionnelle. « Ce n’était pas un métier, c’était un plaisir. Par contre je n’ai pas vu grandir mon fils…Je me souviens qu’il s’asseyait dans ma valise au moment de partir…Heureusement pour ma femme, ma famille n’habitait pas loin et pouvait lui venir en aide ».

Celui qui a approché les hautes sphères des dirigeants de ce monde apprécie aujourd’hui sa tranquillité. « Je n’en tire aucune gloire. Je suis naturellement discret et je veux le rester. Mes voisins ne connaissent probablement pas mon parcours ». Cette page est tournée et Marc savoure en toute discrétion celle d’un retraité, toujours passionné de radio.