Son professeur principal de troisième visait juste quand il prédisait pour son élève Pascal Rouxel une carrière artistique. Pascal ne voyait lui que par la Bretagne d’où vient la branche paternelle et l’agriculture ! Son parcours est fait d’objectifs précis, marqués du sceau de la volonté et à coups de formations répétées. Jusqu’à ce qu’il revienne à un métier d’art il y a 6 ans : « encadreur ».

Pascal est né à Orléans. En Bretagne, sa marraine élevait des bovins lait et des porcs. « Ça a été très vite ma passion. J’ai décidé dans un premier temps de faire des études scientifiques plutôt que littéraires en passant un bac D’ à Montargis. Je pensais un temps au métier de vétérinaire. Ça ne s’est pas bien goupillé ; je me suis rabattu sur un BTS en production animale ». En Bretagne, où finalement il ne restera pas si longtemps. « J’ai rencontré celle qui deviendra ma femme, une jurassienne, lors de cette 1ère année de BTS ». Il met sa formation de côté pour faire le service militaire. « J’ai fait un stage chez l’oncle de ma femme, un GAEC spécialisé en sélection porcine ». L’armée se termine en décembre 83, le couple se marie en décembre. Un premier enfant naît l’année suivante. « Je suis retourné voir mon maître de stage. Il avait un boulot pour moi : chef porcher, mais j’avais tout à apprendre dans cette coopérative à la pointe de la génétique ».

Six ans plus tard, il considère avoir fait le tour. « Même s’il y a toujours à apprendre. J’aimais le contact avec les techniciens. Des échanges très intéressants. Au bout de six ans j’ai considéré que j’avais fait le tour, non pas du métier parce qu’il y a toujours à apprendre, mais j’avais envie de voir plus de monde. Enfermé au fond de la Côte-d’Or, j’étais un peu en vase clos. J’ai voulu être technicien, mais il fallait le BTS. Alors je me suis lancé ».  Une première formation professionnelle qui en appellera d’autres, sanctionnées par le diplôme avec ‘mention’ lui ouvre plusieurs portes. Entre le Doubs, la Normande et la Bretagne il choisit devinez quoi ? « La Bretagne évidemment. Je suis resté dix-huit ans au sein de cette coopérative, d’abord comme technicien, puis responsable du service technique, du service technique et génétique, avant de prendre le service technico-commercial avec 50 collaborateurs ».

Dix-huit ans plus tard, il a des fourmis dans les jambes. « Je choisis de faire un master en gestion et management stratégique, à l’IGC de Nantes en visant la direction plus tard d’une coopérative ». S’en suit une période moins stable : insémination bovine, chômage quelques mois, directeur commercial dans une boîte qui vendait des machines à soupe pour les porcs. « Je suis retourné en Bretagne dans l’aliment du bétail. Ce n’était pas mon objectif premier. J’ai alors postulé sur une coopérative en production de lapins de chair. C’est ainsi que j’arrive en Vendée, à Réaumur, à la CPLB qui fusionnera 2 ans plus tard avec la CAVAC ». Le moment était venu de goûter à autre chose.

Assistante maternelle en Bretagne, sa femme est conquise par le village de Vouvant. « Artiste dans l’âme elle décide de prendre une galerie d’art ici ». C’est le pied à l’étrier du métier d’encadreur pour Pascal. « J’ai toujours aimé le dessin et finalement les matières où je me débrouillais bien en troisième. Le management n’était plus fait pour moi. Je m’intéressais au travail de ma femme comme galeriste, le contact avec les artistes. Depuis un an, il n’y avait plus d’encadreur sur le secteur ». Il n’en fallait pas tant pour convaincre ce néophyte. « Je ne voulais pas m’installer sans formation. J’ai obtenu un CAP ». Le business plan est établi avec le concours d’une boutique de gestion. « Je me suis installé en mars 2016 en réalisant la moitié du chiffre d’affaires prévu ». Il lui faudra trois ans pour trouver la bonne cadence. « Nos quatre enfants sont autonomes. Au départ on a vécu avec le salaire de ma femme. Depuis on a cédé la galerie ». Et bientôt Pascal aura réuni suffisamment de trimestres pour solliciter sa retraite, bien qu’il n’envisage pas d’arrêter cette activité qui le passionne.

Sa passion c’est justement de créer, de restaurer des cadres de tableaux. « Il y a des clients qui sont très précis sur leurs attentes, mais dans la plupart des cas c’est moi qui fais la proposition. L’idée c’est de sublimer le travail de l’artiste, suffisamment pour révéler l’œuvre, sans prendre le risque de l’écraser ». Sa clientèle tend à s’élargir, parfois dans les départements voisins. « Même au Luxembourg ».

Le choix de son cadre de travail n’est pas anodin. « Nous sommes à deux kilomètres du village dans un endroit particulièrement paisible. C’est important de ne pas être dérangé sur certains travaux, comme la réalisation d’un lavis où tu ne peux lever le pinceau ». Travailler pour soi apporte plus de satisfactions que le métier de dirigeant. « J’éprouve un sentiment de liberté, de reconnaissance. Quand le boulot est fini, qu’on accroche, les émotions remontent. Plus encore quand c’est le client qui le découvre. C’est l’effet Kiss cool. Ça suffit à mon bonheur ».  Il a concouru au prix du Meilleur Ouvrier de France (artisan), sans le décrocher. « Mon regret, c’est de n’avoir pu montrer mon travail à mon père, parti brutalement ».

Il a deux passions qu’il a dû mettre en sourdine, faute d’espace et de temps : le cheval avec l’attelage et la musique. « La troisième c’est plus qu’une passion, c’est un besoin : aller en Australie retrouver notre fils qui habite la région de Perth ». L’éloignement des enfants lui pèse. « Pour mon épouse plus encore. Sur les quatre enfants, il n’y en a pas un à moins de 500 kilomètres. On a une petite fille en Australie qu’on a vu 3 ou 4 fois seulement. Quand ma femme sera à la retraite, c’est sûr, on repart en Bretagne, vers Brest où sont installés nos deux autres fils, le troisième étant dans les gorges du Verdon ».

Celui qui a fait de la formation professionnelle son passeport pour atteindre ses objectifs connaît les valeurs de la transmission. « Mes meilleurs maîtres sont ceux qui m’ont incité à vouloir les dépasser. C’était aussi le cap que j’essayais de tenir vis-à-vis des collaborateurs que je manageais. Ce que je savais, je ne l’ai jamais gardé pour moi ». Lui qui a horreur de la routine cite volontiers Napoléon. « Continuez de faire ce que vous avez toujours fait, vous obtiendrez toujours les mêmes résultats ».

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