Chez la famille Airiau de la Bruffière, Charles Trenet occupe une place à part. Son premier couplet de ‘Prenez le temps de chanter’ est écrit sur le mur du séjour : tout le monde sait bien qu’après tout, la vie est souvent jolie quand on la prend du bon côté… Comme pour soigner une blessure, celle de la disparition du frère de Julie à l’âge de 33 ans, parti en 3 mois. Elle s’est engagée depuis dans une association qu’elle a créée avec 3 autres amies, touchées aussi par le cancer. Cap pour la Vie est née en 2018. Cap comme Course à Pied, Cap au sens du défi : cap’ ou pas cap’ ? Même si les évènements prévus ont été ralentis par la crise sanitaire, l’association peut déjà se prévaloir d’actions très concrètes.

Le cancer continue de faire des ravages. Mais la fatalité n’est pas dans l’ADN de Cap pour la Vie. « Le maître mot pour nous c’est la proximité. On sait d’où viennent les dons. On veut savoir comment ils sont employés, de façon très concrète. Il y a la part qui va à la recherche en onco-hématolgie du CHU de Nantes et du CHD de la Roche sur Yon, avec remise en mains propres, sur place, pour que les adhérents constatent le bon usage qui en sera fait. Une autre est consacrée aux actions locales, comme l’intervention d’un magicien au service oncologique pédiatrique du CHU de Nantes, et récemment la remise à neuf du salon des familles à la Chimotaie à Cugand, à la disposition des familles et des proches pour mieux accompagner le malade». Autre action concrète : les coussins cœur pour les femmes atteintes du cancer du sein. « C’est un geste de solidarité et un vrai soulagement physique pour atténuer la douleur. Il est distribué gratuitement à celles qui le souhaitent ».

L’équipe se réunit en bureau chaque mois, mais en étant en charge de la communication, Julie et Sylvie sont actives sur les réseaux et publient le récap de la semaine chaque dimanche soir. « Cap pour la vie compte plus de 400 ambassadeurs qui portent le T-shirt aux couleurs de l’asso. C’est un relais visuel qui nous fait connaître, qui invite à verser des dons pour nous aider à concrétiser nos projets ». Même en période de Covid, grâce à une application virtuelle, l’association a continué à collecter. « Les coureurs ou marcheurs enregistrent leurs kilomètres parcourus. Les distances sont transformées en argent, reversé à l’asso par des entreprises locales au titre du mécénat ». Julie en revient à peine de l’effort de solidarité que suscite Cap pour la Vie. « Voir les entreprises faire des cadeaux comme elles l’ont fait à la Chimotaie, les particuliers toujours prêts à donner le coup de main ou à participer dans les courses ou les marches… c’est touchant. C’est aussi une forme de soulagement quand tu as été confrontée à cette injustice de la maladie ».

Elle qui s’est mise à courir il y a seulement huit ans, ne pensait pas qu’un jour elle ferait un marathon. « La première fois que j’ai couru, je me suis écroulée au bout de cinq kilomètres ». Elle fait le parallèle entre la course et la maladie. « Il y a les moments difficiles, comme le malade durant son traitement. Dans les deux cas, il faut se battre. On a l’encouragement du public comme d’autres ont le soutien de leur famille. Dans l’épreuve, on peut aussi se dépasser soi-même ».

L’engagement au sein d’une asso nécessite une certaine endurance. Le bénévolat apporte aussi. « Je ne remercierai jamais assez Cécile qui m’a embarquée dans cette aventure. J’y trouve une part d’espérance. A travers les différentes actions, on fait revivre ceux partis trop tôt »

Julie pratiquait depuis toute jeune le volley. « J’ai arrêté car je veux aussi consacrer du temps à mes deux filles. Un sport collectif, c’est exigeant, avec des contraintes horaires. Alors que la course à pied offre plus de facilités. J’ai un tatouage dans le dos avec une phrase en espagnol -j’adore ce pays- qui dit : « Vis chaque jour comme si c’était le dernier ». Prendre du temps pour soi, pour ses proches c’est important. C’est aussi ma façon de savourer la vie ». Cap pour la Vie la rattrape : « On est hyperactives, hyper motivées… Il y a plein d’idées qui ne demandent qu’à se concrétiser ». Ça ne saurait tarder !