Comment avec une maîtrise en arts du spectacle devient-on ‘développeur économique’ en charge de l’écologie industrielle au sein d’une communauté de communes ? Le monde artistique, comme le milieu institutionnel est constitué de réseaux, de connexions, d’écosystèmes… Pour Sylvanie Alain, il y a un fil rouge qu’elle observe à posteriori qui n’est pas si incohérent. Peut-être même facilitateur pour innover ? Elle a aussi vécu une expérience de cheffe d’entreprise qui lui a beaucoup apporté.
L’accompagnement des entreprises sur leur territoire par la collectivité est aujourd’hui une évidence. « C’est ma mission depuis 5 ans. Par effet d’opportunités, on a développé 2 projets : la mise en place d’un pôle écologie industrielle qui est devenue ma mission principale, ainsi que la gestion d’un tiers-lieu. C’est un métier que je fais un peu par accident, et qui me passionne véritablement ». Comprendre ce que sont les mutations du monde économique, le soutien aux entreprises sur un territoire rural, autant d’enjeux dans laquelle la collectivité doit trouver sa juste place.
Le tiers-lieu est un concept qui répond à de nouveaux besoins. « L’entreprenariat individuel prend de l’essor. La crise sanitaire a vu le télétravail se développer. Certaines personnes redoutent la solitude ou cherchent différents modes de collaboration dans des lieux hybrides. La collectivité joue un rôle facilitateur en faisant vivre des endroits comme le château de Landebaudière ».
Sylvanie a choisi un parcours étudiant qui devait l’amener vers la médiation culturelle. « Le hasard m’a amenée sur des chemins différents. J’ai soutenu mes parents lorsque mon père a été hospitalisé. Il fallait prendre la relève de l’affaire qu’ils avaient, une franchise de restauration. Je ne me suis pas posé la question. C’était ma place d’être là et par la suite on a passé cinq belles années à travailler ensemble. J’ai également créé une épicerie fine. Puis en revenant en Vendée, j’ai travaillé à Initiative Vendée Bocage qui soutient les créateurs d’entreprises, avant d’intégrer la communauté de communes de Mortagne en 2016. Mon empathie vis-à-vis des créateurs vient de mes diverses expériences ».
Le travail en symbiose avec les élus est pour Sylvanie une nécessité. « La confiance réciproque est nécessaire. Les élus côtoient aussi des entrepreneurs confrontés à la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). L’exemple le plus concret qu’on a vu naître en juillet dernier, c’est la matériauthèque, un chantier d’insertion où on récupère des invendus ou des stocks de matière non valorisée et qui sont revendus. On est dans une logique circulaire qui réduit les déchets. Eco-conception, éco-responsabilité pour les festivals par exemple… les actions sont très nombreuses ».
Pour elle, le développement n’est plus une histoire de continuité ou de rupture. « On ne peut pas opposer les choses constamment comme les débats autour de la croissance/décroissance. C’est stérile. La posture à adopter consiste à requestionner la façon dont on produit, sans retomber dans certains excès de ces 20 dernières années ». Ce n’est pas tant la pression réglementaire que le facteur humain qui va influencer les entreprises. « Les jeunes générations sont très attentives à l’impact des entreprises qui recrutent ».
Sans sous-estimer l’importance des défis environnementaux, Sylvanie reste optimiste. « J’ai envie de voir les solutions qui se mettent en place, d’être aux côtés de ceux qui avancent. La plupart des entreprises, quelle que soit leur taille, s’emparent de ces problématiques. Le jour où ça va bouger, ce sera conséquent ».
Son domaine de compétences est riche de ses expériences passées. « Je me nourris beaucoup des autres, sur le terrain. Mes expériences croisées dans le milieu du spectacle ou de l’entreprenariat déclenchent des réflexes différents qui favorisent l’innovation. J’échange aussi avec les collègues des autres collectivités. Sur le plan de l’écologie industrielle on est plus dans le partage que dans la concurrence ».
Cette maman d’un petit garçon de dix ans sait aussi prendre le temps de la respiration. « J’ai passé de nombreuses années à travailler sept jours sur sept, à ne vivre que pour travailler ». Elle a pratiqué l’équitation par le passé. « Aujourd’hui c’est plutôt la lecture et la nature. J’ai juste besoin de ça, de simplicité, de voir les copains. Le lien social est vraiment important ».
Quand elle fait le feed-back d’une vie déjà riche, elle revient sur sa dernière année de Fac. « Ça a été une super belle année où les choses ont basculé ; je me suis emparée de ma vie avec un sentiment de liberté totale ». Sur un autre registre, elle a connu la séparation. « Ça peut aussi permettre de se réapproprier son identité, sa vie ». Autre tournant : l’aventure entrepreneuriale. « C’était en 2008. Une expérience riche sur le plan humain et professionnel qui me sert encore aujourd’hui ».
Vendéenne d’origine, exilée quelques années en Mayenne, Sylvanie apprécie ce territoire du bocage. « Il y a ici une volonté affirmée, une vraie proximité et une inter-connaissances qui favorisent l’avancée collective face aux défis qui se présentent. L’échelle de la communauté de communes est intéressante car les gens se connaissent suffisamment ».
Laisser un commentaire