Davantage connu sous le nom de Olec, Olivier Echard fait ses débuts dans le design et la mode. Une voie qui fait suite à ses études et qui rapidement se heurte à ses convictions profondes. « Les produits que je créais n’étaient pas à la portée de mes potes. Je ne pouvais donc partager mon métier avec eux. En plus cela me prenait un temps fou, qui ne me permettait pas d’explorer mes autres passions ». La musique en premier lieu. Un voyage d’un an en Inde et au Népal avec sa copine sera déterminant pour leur chemin de vie.
« C’est à la fois le tournant et le moment qui influencera mon parcours, et 15 ans plus tard, je n’ai aucun regret. Je suis toujours en contact avec des copains qui ont foncé et se sont un peu englués dans la pub. A mes yeux, le temps est une valeur plus précieuse que l’argent ». Une réflexion forgée lors de ce voyage initiatique alors qu’il a tout juste 25 ans. « Observer son pays de l’extérieur apporte le recul et l’ouverture qui te permettent de faire des choix. De quoi ai-je vraiment envie ? Cette expérience peut se faire plus facilement au début de la vie active ».
Syndrome fréquent chez beaucoup de voyageurs, l’envie de revenir au pays les prend, avec un regard neuf, toujours en mode itinérance. « On a acheté un bus dans lequel on a logé toutes nos passions. Ma copine est professeure des arts du cirque. De mon côté j’avais toujours le virus du design que j’exprimais non plus dans la mode, mais plutôt dans la brocante. Je récupérais de vieux objets de la seconde moitié du XXème siècle pour leur donner une nouvelle vie ». La vie de bohème a aussi ses imprévus. « On s’est sédentarisé en gardant l’esprit nomade. En restant sur un même lieu, on peut avoir un horizon assez large ». Du design à l’architecture il n’y a qu’un pas. « J’aime composer avec la matière, et pour ça un chantier de rénovation c’est extra. Ce bâtiment du 18e 19e on le retape jour après jour, en portant une attention dans tous les détails, jusqu’à la poignée de porte. Nous faisons tout de A à Z. C’est un chantier en mode design global où le temps est un allié, pas une contrainte ».
L’image. La musique. Olivier est un artiste pluridisciplinaire. « J’ai eu un seul CD dans ma vie quand je me suis fait opérer des dents de sagesse. Sinon, je n’ai que des vinyles qui viennent de chez Emmaüs, d’où mon pseudo ‘DJmaüs’. Là ou dans les vide-greniers, je trouve plein de choses basées sur la funk et le début de l’électro des années 80. C’est aussi le plein boom du renouvellement des studios ; une aubaine pour récupérer du vieux matos ». Ce n’est pas anodin pour Olec qui adore mixer sur ses platines. « Partager mes découvertes ou danser sur des choses mieux connues, le kif ».
Cet esthète n’est pas insensible au look, en témoignent ses dreads. « C’était sans doute un moyen de me différencier au départ, mais c’est surtout le manque de courage d’aller chez le coiffeur. 21 ans que je ne me suis pas fait couper les cheveux ! Je suis passé de la coupe au bol à ‘j’arrête tout’. Pourtant j’habitais en face le coiffeur. C’était mon bug de l’an 2000. Toutes ces économies m’ont permis de payer une partie de ma maison. Ce n’est pas tant le côté rasta au final, même si j’apprécie le reggae ».
Il aime tordre le cou à quelques clichés. « Oui, je me considère en marge de la société quand je regarde les médias. Mais quand je regarde les gens autour de moi, je me sens complètement en phase avec tout le monde. Être en marge est une construction de l’esprit. Moi qui viens de la pub, j’ai ma petite idée sur la façon dont les modes de vie sont formatés ».
Touche à tout, Olec a suivi un cursus littéraire jusqu’au bac. « Mes lectures ont probablement eu une influence sur mon parcours, mais j’ai une mémoire de poisson rouge alors je ne peux pas dire quels auteurs en particulier. Ma conscience est faite de mes rencontres plus que d’une forme de bien-pensance ». Le voyage en Inde l’a aidé aussi à percevoir les difficultés des gens qui se déplacent. « Les migrants ne sont pas toujours bien reçus, confrontés à des a priori non justifiés ».
Olivier qui a parcouru des milliers de kilomètres préfère le chemin à la destination. « Mes convictions sont le fruit de ce que je ressens moi-même. Chez mes parents il n’y avait pas la télé. C’est une autre façon de se construire, sans trop se soucier du regard des autres ». Cet amateur de skateboard savoure les plaisirs simples. « Les pieds dans le sable devant un beau coucher de soleil ; ça c’est nickel ! ».
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