C’est la plus belle du potager à en croire Cendrillon qui la verra se transformer en carrosse. C’est aussi l’avis de Hugues Guitton qui lui voue une passion depuis plusieurs années. Vedette automnale du jardin chez les cucurbitacées, la star d’Halloween est aussi l’objet d’une compétition amusante pour son poids. Hugues a frôlé la barre des 500 kilos, décrochant au passage un titre de champion de France et 416ème au classement mondial.

« C’est vraiment le hasard qui m’a amené vers cette culture. Cela remonte à l’époque où ma femme Annie tenait le restaurant des Justices. Il y avait une foire d’automne. Je me suis dit pourquoi pas essayer ? ». Les premières citrouilles atteignent 100 kilos, rejoignent la supérette pour la bourriche. Son ami Laurent Fillaudeau se pique lui aussi au jeu, piochant sur la toile quelques astuces. La barre des 300 kilos sera atteinte. « Il y a 4 ans, j’étais 6ème français aux championnats, et seulement 2ème de Saint Aubin. Il m‘avait devancé de 5 kilos ».

Hugues ne pense pas battre son record de 496 kilos cette année. « On va dire que c’est la météo ». Il dit ne pas maîtriser suffisamment les pathologies végétales. « Il y a une part de chance. Je n’ai pas l’explication à tout. Au départ, il faut des graines performantes, avec pedigree. Elles viennent du Canada, coûtent plusieurs dizaines d’euros la graine. Il faut beaucoup d’eau. Heureusement j’ai un étang à 500 mètres. La citrouille peut prendre environ 10 kilos par jour. Il faut ça pour espérer un podium. Du 1er juillet à la mi-septembre, je consacre une demi-heure à une heure par jour pour mes deux seules citrouilles ». C’est sans compter les multiples cucurbitacées qui pavoisent dans ses différents jardins.

Une activité de retraité ? « Pas vraiment ! Je suis commercial en gibiers. J’étais sur le point de m’arrêter, puis on m’a proposé une nouvelle mission que j’ai acceptée. Je préfère être dans cette situation qu’à la place de personnes qui à 50 ans ne pensent qu’à la retraite ». Hugues est un homme de contact. « J’ai débuté dans la ferme familiale. Au bout de 10 ans, je m’y suis senti à l’étroit. Soit je développais, au risque d’être encore un peu plus prisonnier de mon exploitation, soit je tentais autre chose. J’ai repris des études pour faire un DUT commerce. J’ai fait cinq ans dans le meuble, puis avec ma femme nous avons acheté un bistrot en Savoie où nous sommes restés cinq ans. De retour au pays Annie ma femme rachète le restaurant du Moulin des Justices , c’est à ce moment que je commence à Gibovendée, cela fait 28 ans que j’y suis.

On se fait moins d’ennemis à parler de citrouilles que de chasse. « Je me demande si bientôt il ne sera pas plus facile de défendre la condition animale que la condition humaine ? Il y a des minorités qui font dans l’excès ». Lui préfère ce qui rassemble plutôt que ce qui divise. « Avec ma femme, on aime aller aux concerts ou au bistrot du village. Pas tant pour boire un coup que pour discuter avec les gens. Nous avons aménagé une petite salle des fêtes dans une ancienne grange ». Car chez les Guitton, la convivialité sonne comme une devise. Un art de vivre.