L’abbaye de la Grainetière est un havre de paix, choyé par les amateurs de vieilles pierres, un écrin propice à la prière. Le Père Guy-Marie qui en est aujourd’hui le prieur y a été ordonné il y a 20 ans. Originaire de Sainte Florence, il se retrouve à quelques kilomètres de chez lui, après avoir connu différents monastères, dont celui d’Evian qu’il a fondé, où il restera 23 ans. Ils sont dix à partager la vie fraternelle de la Grainetière, rattachée à la congrégation Notre Dame de l’Espérance qui compte une petite dizaine de monastères. C’est la seule communauté monastique pour hommes en Vendée.

Bien qu’il soit né près d’ici, le Frère ne connaissait pas particulièrement l’abbaye. « J’étais agriculteur dans une petite exploitation familiale, près de la carrière des Lombardières. Mon frère aîné était au séminaire. Moi, j’étais en troisième position et il fallait quelqu’un pour la ferme. Je suis resté avec mon père. Mon frère a arrêté le séminaire, voulant revenir à la ferme devenue trop petite. Nous sommes allés à Saint Denis du Payré en créant un GAEC où je suis resté 18 ans ». Engagé auprès de son père et de son frère, il patientera avant de répondre à sa vocation. « J’avais depuis plusieurs années ce projet de consacrer ma vie à Dieu. J’ai fait le choix d’attendre pour respecter mes engagements ». Une année propédeutique, deux années de séminaire à Angers, une autre à Nantes. Guy-Marie entre dans les ordres.

« Je me sentais davantage appelé à la vie monastique peut-être pour une raison assez mystérieuse, un appel plus intérieur… ». Il a été élu, il y a quelques mois, responsable de la congrégation regroupant les différents monastères N-D de l’Espérance. Il succède au père Jean-Yves Mercier. La maison mère se situe à Croixrault près d’Amiens. « Au mois d’octobre, nous allons avoir le chapitre annuel qui regroupe les prieurs et un délégué de chaque monastère ». La congrégation est dite de Droit diocésain et rattachée à l’évêque d’Amiens, par distinction au Droit pontifical. Chaque monastère est ensuite en lien avec l’évêque du diocèse. Luçon pour la Grainetière.

En principe, les moines vivent cloîtrés. Ce sont des contemplatifs. « Notre communauté a la particularité d’accueillir des moines en bonne santé pour accompagner des frères handicapés ou malades. C’est une autre manière de vivre l’évangile, d’accepter la fragilité des autres. Cela oblige aussi à un minimum d’ouverture vers le monde extérieur. Des infirmières, des psychologues passent de temps en temps. C’est aussi de cette manière qu’on peut montrer notre Foi à l’extérieur. Aussi parce que cette abbaye est très visitée ». Le monde monastique a connu quelques retentissements par le passé. « C’est ainsi qu’on peut offrir un minimum de visibilité ».

Le monastère de la Grainetière a connu son apogée au XIIIème siècle, avec des périodes non occupées. « Avec dix moines, cela peut tenir encore longtemps ». Les journées sont rythmées par les offices. « Jusqu’à sept par jour. Il n’y a pas d’office de nuit compte-tenu de la fragilité de certains frères. L’office des vigiles a lieu à 6 heures du matin, un temps de lecture en silence, suivi de l’office des Laudes à 7 heures. Les travaux de la journée concernent la préparation des repas, la lessive, l’entretien du parc et le potager. Les bons légumes, c’est important pour une bonne santé. L’été, il faut tenir le magasin pour les touristes. Il y a moins de travail ici que dans certaines communautés. Ceci est compensé par une présence assidue aux offices, le handicap n’empêchant pas la prière. On a une bonne petite équipe ici, avec des frères qui se complètent bien ». La vie monastique s’adapte à son époque. « On n’est plus au temps où les moines cisterciens devaient défricher les terres pour développer la production agricole ».

Avec sa responsabilité, les journées du Père Guy-Marie ne sont pas toujours assez longues. « Je m’occupe de la gestion de la congrégation en lien avec le frère qui est le secrétaire du Prieur général. Nous travaillons à distance grâce à internet. Les dossiers administratifs du personnel, les successions… et de temps en temps, un peu de jardin pour me détendre ».

Les monastères sont aussi connus pour leur hospitalité ou l’accueil des pèlerins. « Si quelqu’un frappe à la porte, on peut lui proposer le gîte et le couvert. Ce n’est pas très fréquent et la réglementation a ses contraintes. En temps de confinement, on ne le fait pas. Nous accueillons aussi quelques retraitants de Pâques à la Toussaint et le prêtre essaie d’être disponible à toute heure pour le sacrement de réconciliation ». L’ouverture sur le monde extérieur se fait aussi par la presse. « Nous recevons le quotidien Ouest-France, Familles chrétiennes et l’Homme nouveau. Nous sommes bien informés de ce qui se passe ».

En guise de conclusion, le Frère Guy-Marie réaffirme ses convictions. « J’ai toujours été heureux d’avoir fait ce choix, sans jamais le moindre doute. Ça été long à se décider, mais du jour où ça l’a été, c’était vraiment le choix de ma vie. Rien, ne m’a jamais manqué ! »