Son nom est associé à celui de la publicité, notamment grâce à l’agence ‘Altmann + Pacreau’, couronnée de nombreuses récompenses créatives internationales. Edouard Pacreau a été un publicitaire influent, avant de mettre un terme un peu précipité à sa carrière il y a plus d’un an. « Ce n’était pas si grave de quitter Paris, parce que je revenais ici chez moi à Saint Laurent sur Sèvre. Je croise parfois des gens qui disent : « Tiens, mais c’est le fils de Monique et René ». Ça m’a remis dans mon histoire ».
Son cursus commence par Saint Gabriel. « J’ai beaucoup aimé ». Puis Edouard débute un DEUG. « Moins drôle. Alors je suis monté à Paris dans une école de commerce rue Soufflot, une école merveilleuse. C’est là que j’ai découvert que la publicité ce n’était pas seulement des créatifs, mais potentiellement un vrai métier. Il m’a fallu batailler pour trouver des stages. J’y allais avec un peu de culot et de malice ». C’est comme ça qu’il pousse la porte de CLM BBDO. « La meilleure agence créative de Paris, dirigée par Philippe Michel, le plus grand gourou de la publicité à mes yeux, devant Séguéla. A chaque fois que j’entrais dans son bureau, il me disait : c’est quoi l’idée ? Tu sèches les 3 premières fois. Pas la quatrième ». Il y reste 7 ans, se fait un nom qui lui vaut d’être courtisé. « Je vais dans une agence qui porte le nom de Louis XIV, recommandé par des créatifs alors que je suis commercial. Ça en disait long sur ma façon de travailler ». Il y reste 4 ans en tant que directeur associé, avant de rejoindre BETC, une très grosse agence du groupe Havas. « Je suivais le dossier BNP avec une directrice de la communication qui était un monstre ». Neuf mois plus tard il remet sa démission. L’agence Louis XIV le reprend en free-lance, avant le retour au bercail chez CLM BBDO. « L’agence qui m’a le plus marqué, celle qui m’a formé, qui a cru en moi ».
Trois nouvelles années au sein de l’agence Havas pour s’occuper du dossier Citroën, jusqu’à ce que Maurice Lévy et Christophe Lambert l’appellent, l’invitant à rejoindre Publicis. Il y restera 7 ans et demi avec un dossier colossal, celui de Renault. « Stephen Norman avait la main mise sur le marketing et la communication mondiale du groupe Renault. Je me suis retrouvé à gérer 45 pays. Il était très difficile. Sans doute avais-je réussi à le dompter. Il m’aimait bien. Mais la charge mentale était devenue trop forte. J’ai connu un épisode dépressif de 3 mois et demi. J’ai eu besoin de changer ».
Chez Publicis, Edouard fait la connaissance d’Olivier Altmann, son futur associé. « En 2013 j’ai connu quelques mois de chômage et Pôle Emploi m’a aidé à créer ce qui deviendra notre agence ». Il se souvient particulièrement de cette soirée au restaurant où Olivier lui montre sa carte de visite. « Il avait rayé Publicis pour le remplacer par ‘Altmann + Pacreau’. J’étais bouleversé. Non seulement cette proposition venait de celui que je considère comme le meilleur créatif, mais en plus il a une dimension humaine qui m’a énormément aidé dans quelques situations difficiles que j’ai traversées ». Olivier sera président, Edouard DG. « Je préfère être Mazarin plutôt que le Roi ». L’agence croît de façon spectaculaire avec des contrats prestigieux : Lapeyre, Caisse d’Epargne, Fram, Fondation Abbé Pierre… Elle compte jusqu’à 40 salariés, remporte nombre de récompenses. L’histoire se termine pourtant précipitamment. « De graves pépins de santé, un peu de mal à me retrouver dans ce bébé qui avait grandi trop vite pour moi, même si la confiance envers mon associé était intacte ».
Il retrouve ses bords de Sèvre. « La Vendée a toujours été mon berceau. J’y revenais dès que je pouvais le week-end. Ça fait 20 ans que je refais la maison de mes parents par petite touche, tout en conservant quelques éléments de la déco qu’ils avaient mise en place ». La disparition de ses parents, il y a de nombreuses années reste toujours difficile. « Pour maman, ça été très vite, en un mois. J’avais 26 ans et je démarrais juste chez CLM BBDO. Je ne sais pas si je n’ai pas fait mon deuil. Je ne comprends pas cette expression. J’ai découvert alors un autre visage de mon père. Il a fait des conneries. Bref c’était une période très difficile. Je ne me suis pas écroulé pour autant car j’étais épaulé par des personnes que je ne soupçonnais même pas ». Edouard regrette que ses parents n’aient pas connu sa carrière, notamment la création de son agence.
Aujourd’hui il a des projets en tête. « Le cerveau fonctionne toujours. Il me reste des choses à partager, à transmettre ». La page de la publicité est tournée, même s’il l’aime toujours. « C’est une forme de manipulation positive. On ne force personne à consommer. Je suis davantage gêné par la RSE ou l’éthique qui obligent beaucoup d’entreprises à communiquer de façon non sincère, seulement pour une image ou des obligations réglementaires. La ‘raison d’être’ à toutes les sauces… non, merci ». Très sensible aux animaux, il est particulièrement fier du film qu’il a réalisé pour 30 millions d’amis. « Je pleure chaque fois que je le regarde. C’est un film d’amour qui donne envie d’adopter ».
Edouard ne fait pas partie des gens qui disent que c’était mieux avant. « Vivre avec des regrets, ça donne des gens aigris ». Il déplore les pertes de liberté. « Dresser les uns contre les autres est une sale manie, une façon de diviser pour mieux régner. Pour le Covid, on va s’en sortir. Les mesures ont été à mon goût disproportionnées. On a failli briser l’économie mondiale. Les gens ne sont plus tout à fait comme avant ; les bonnes résolutions du départ ont été vite oubliées ».
« Qui jardine bien ne pense plus à rien ». Edouard aime le jardin, promener son chien Lucien, « l’amour de ma vie depuis que je l’ai adopté à la SPA », croiser d’anciennes connaissances. Il a retrouvé son ‘chez lui’. « J’étais un très mauvais cavalier mais j’ai toujours adoré les chevaux ». Il en possède trois qu’il aime aller voir en concours.
Il conclut avec un brin de malice. « L’abbé Pierre que j’admire est le meilleur publicitaire de tous les temps. C’était notre Martin Luther King. Ses phrases à l’encontre des politiques percutaient comme des slogans publicitaires ». Edouard œuvre au profit de l’association Petits Princes pour qui il a réalisé un film gratuitement. « Ce sont des bénévoles qui offrent des rêves à des enfants très malades. Je me souviens du jour où ils sont venus à Necker avec six chiens, un devant chaque porte. Les enfants étaient fous de joie et les animaux avaient compris ce qui se passait. Ça, ça me touche ! ».
Superbe évolution Édouard est une personne exceptionnelle belle continuation plein de bonheur