C’est à Saint Aubin des Ormeaux que je rencontre Alain, de passage chez sa sœur. La coiffure chez les Pichon, c’est une histoire de famille sur quatre générations. Originaire de Saint Macaire en Mauges près de Cholet, il fait le choix à 23 ans de filer sur Londres. « Les grands noms de la coiffure comme Toni & Guy ou Vidal Sasoon, basés à Londres, ont une notoriété mondiale. Et puis j’étais attiré par la culture anglaise à travers la musique ou le cinéma. Je voulais voir le monde de la mode de plus près ». Un parcours qui le conduira à coiffer des célébrités comme Sting ou David Beckham.

Arrivé sur le sol anglais, Alain fait ses armes à Guilford, au sud de Londres, puis il rejoint Toni & Guy. « J’y ai fait une formation pour enseigner, ce que j’ai trouvé très formateur ». Il y restera près de quatre ans, avant de se lancer en free-lance en rejoignant une agence maquilleur à Londres et ensuite à New-York. « C’est ainsi que j’ai approché le milieu de la mode, en travaillant pour les magazines  internationaux comme Vogue. Je participais à des défilés pour les créateurs à Londres, Paris, Milan ou New-York ».

L’organisation des grands défilés était assez stressante. « Avec le styliste et le créateur, on se met d’accord sur le style de coiffure. Ensuite, il faut montrer à l’équipe pour qu’elle réalise elle-même. Pour des grands évènements avec 120 mannequins, il faut faire des équipes pour une douzaine de créateurs avec une cinquantaine de coiffeurs. Il arrive qu’on soit à cinq ou six sur une même tête ».

Par la suite Alain évolue vers le monde des célébrités. « Ça change un peu parce que là tu ne t’occupes plus que d’une personne. C’est moins créatif que le milieu de la mode car les célébrités ont leurs exigences. Ce qui n’empêche pas de donner des conseils, de faire des propositions ». Généralement, la star est entourée d’un styliste, un maquilleur, un coiffeur et de plusieurs assistants, pour un événement, une série photos ou une interview, une première ou pour une soirée. « On est d’abord prestataire des artistes, mais des liens amicaux s’installent avec la durée. Sting et sa femme Trudie sont mes clients depuis 27 ans. C’est assez surprenant d’être pendant un petit moment seul à seul avec des rapports assez ordinaires, puis de les voir quelques instants après, devant un public, et là tu réalises le vrai talent et la popularité de ces célébrités. Avec David Beckham, toute l’équipe voyageait énormément pour les soirées partenaires à travers le monde. Je me souviens d’une tournée en Chine, c’était tous les soirs pendant 13 jours. Comme les rockstars ».

D’autres people comptent parmi ses clients en ce moment. « Olga Kurylenko, Rebecca Ferguson ou encore Eva Green qui figure au casting des ‘Trois mousquetaires’ prévu en 2023. Là c’est un long travail de préparation, de créer les perruques pour trouver le style qui correspond au caractère tout en respectant l’époque du film ».

Quelques flashs émaillent la carrière d’Alain. « Les shows coiffure où tu expliques devant 1000 personnes ta technique ; c’est excitant. La promotion du film Avengers avec Scarlett Johansson ; c’était assez drôle d’être dans l’avion avec tous les acteurs réunis. J’ai aussi été juge dans des émissions TV Hair sur TF1 du genre master chef de la coiffure ». Il a aussi collaboré avec la grande costumière Colleen Atwood et le réalisateur Tim Burton pour le film « Dumbo ».

L’image est l’inspiration intégrante de son métier. « Le temps ne s’arrête jamais, mais une photo, ça arrête le temps ». Des souvenirs compilés aujourd’hui sur Instagram. « Quand je regarde un film ou un livre, je ne regarde que les cheveux pour voir les créations et les complications des coiffures ».

Aujourd’hui il mesure encore plus fort combien le temps a une valeur. « La vie présente des opportunités. Beaucoup n’ont pas le réflexe de les saisir. Il y a aussi la part de chance que tu provoques ». Alain conçoit qu’une vie professionnelle n’est jamais linéaire. « Il y a des hauts et des bas. Le tout est de rebondir, se relever ». En préservant des équilibres. « No stress, no illness. Autrement dit : Sans le stress, moins de maladie. Il faut bien gérer la pression pour qu’elle ne prenne pas le dessus ». Sa vie familiale n’est pas en reste. « Je ne suis pas mécontent car mon mariage a tenu 25 ans et nous avons 3 enfants ».

Ce fameux flegme so british semble avoir gagné Alain. « Pour moi la vie, c’est un beau challenge. Tous les jours, il faut bien faire ».

@alainpichonhair