Après 8 ans d’erreurs de diagnostic qui l’ont malencontreusement menée jusqu’en psychiatrie, Thérèse a été opérée d’une tumeur qui s’était installée sur son hypophyse. « La maladie de Cushing, qui touche une personne sur un million, ce n’est pas héréditaire, ce n’est pas génétique, ce n’est pas contagieux. C’est… pas de chance ». Un témoignage ahurissant qu’elle raconte dans un livre ‘Poisson lune’. Elle retrouve la scène ces jours-ci avec un regard différent, amusé, parfois plus profond, toujours percutant.

Thérèse a été opérée il y a deux ans. « Un enfer de huit ans ; je n’arrive pas à trouver d’autres mots. J’essaie de trouver du sens à tout ça. L’écriture de ‘Poisson lune’ m’a aidée à y parvenir : je souhaite que ce témoignage fasse en sorte que d’autres personnes soient diagnostiquées et sauvées de cette maladie ». On devine sa joie le jour où elle sait qu’elle va guérir. « J’avais peur que cette joie s’estompe. En fait, elle grandit et j’ai aujourd’hui la certitude qu’elle ne s’arrêtera jamais. Elle est venue remplacer des colères ».

Ce message d’espoir fait du bien, autant pour elle que pour son public. « Il y a 10 ou 15 ans, je pouvais être dans des combats. Aujourd’hui je suis pour la paix et pour la joie ». Tout en étant percutante à travers des sujets de société graves qu’elle teinte d’humour. « J’aborde des questions comme l’euthanasie, le handicap ». Des thèmes pas drôles à priori, abordés pourtant avec humour et une forme d’optimisme. « Je vois la vie du bon côté, ce qui n’était pas forcément naturel chez moi quand j’étais plus jeune ».

La chanson et la poésie font partie de son univers depuis qu’elle est toute petite. « J’ai encore des recueils que j’ai commencés à l’âge de 6 ans. À l’école, quand je m’ennuyais j’écrivais des poèmes. A 14 ans j’ai rencontré une guitare ; j’ai sauté dessus ». Thérèse a grandi à Paris, puis elle a passé beaucoup de temps à Nantes. « C’est sur le remblai des Sables que j’ai commencé, avec des reprises. Le public m’a encouragé, alors de temps à autre je glissais mes chansons…Rapidement j’ai rencontré des tourneurs qui m’ont permis de faire mes premiers pas dans les théâtres ». Elle est revenue aux Sables il y a trois ans. « C’est ici que j’ai été diagnostiquée et guérie ».

Les faits marquants de sa vie prennent un relief particulier avec cette maladie. « Elle est venue me donner une superbe excuse pour mes erreurs de jeunesse ». Pour autant, elle garde un grand souvenir du chantier des Francofolies à la Rochelle. « J’ai ressenti une joie d’apprendre ce métier en étant entourée et reconnue par le milieu professionnel ». La sortie de son livre ‘poisson lune’ signe sa renaissance. « Le 28 septembre prochain je réunis tous mes proches dans une salle nantaise. Ça va être un moment particulier ».

Thérèse savoure chaque instant. Avec le dictaphone toujours à portée de main pour capter les instants de poésie qui s’offrent à elle. « On a des ressources intérieures qu’on n’imagine même pas, tout comme un niveau d’acceptation insoupçonné. Moi, j’ai un message d’optimisme à faire passer ». La colère n’est pas toujours bonne conseillère. « Je respecte tous les gens qui sont dans la lutte pour faire avancer les choses. Il faut aussi apprécier ce qui a évolué et les exemples ne manquent pas, y compris sur l’environnement ou la solidarité dans la société. J’ai mis un tas de choses en place pour que ma vie soit la plus éthique et la plus écologique possible. Je ne culpabilise pas d’être heureuse à chaque instant ».

‘Ange punk’, ‘Phénix’…voilà comment, dans son entourage, on nomme Thérèse. « Le phénix de la renaissance c’est le cycle de la mort et de la résurrection. Quand quelque chose se termine, il y a une promesse de changement et de renouveau. C’est ce que je suis en train de vivre ». Le champ de sa spiritualité commence par la foi qu’elle a en elle. « J’ai en moi cette espèce d’huile essentielle qui me faisait dire que j’étais en vie et que j’allais rester en vie. C’est presque une chance quand on est malade ou handicapée de pouvoir évacuer tout ce qui est superficiel. D’ailleurs, nos colères proviennent le plus souvent de ce qui est superficiel. Regarde bien. Non ? ». Cette force intérieure ne l’a pas empêchée de consulter. « Des médecins, des prêtres, des coachs de développement personnel…Tu vas chercher de l’aide jusqu’au moment où tu comprends que les ressources sont d’abord en toi. Ceci étant, c’est la médecine qui m’a soignée, pour que je guérisse ! ».

Un bouquin de Frédéric Lenoir, un album de Goldman ou de Grand Corps Malade font partie de ses moments favoris. « J’aime aussi Vianney. Ses shows dépouillés où il est seul sur scène avec sa guitare, ça lui donne une vraie sincérité, sans artifices ».  Thérèse conclut avec un sourire contagieux. « Moi j’ai pris mon mal en patience ; maintenant je prends mon bien en urgence… »