Le groupement de gendarmerie de la Vendée, c’est un effectif total de 709 personnes, tous métiers confondus, dont Véronique assure le commandement. Une lourde responsabilité qu’elle assure en restant elle-même, avec une personnalité bien trempée. « Le métier de gendarme se féminise même si dans les corps militaires on trouve encore peu de femmes avec des responsabilités. Nous sommes quatre en France à commander un groupement. Je souhaite qu’on m’apprécie sur mes compétences, point ».

Rapidement, durant sa scolarité, Véronique a voulu faire un métier utile. Issue d’une famille militaire, elle fait le choix de la gendarmerie en passant le concours de Saint Cyr. « J’avais le sentiment que j’y serais plus utile que dans l’armée. Depuis le début de ma carrière, j’alterne des postes de terrain et d’état-major. J’ai commencé à la Garde Républicaine, puis j’ai rejoint la Direction Générale de la Gendarmerie au budget. Mon premier poste de terrain c’est à Provins où j’avais 100 gendarmes dans la compagnie ».

Ce n’est qu’en 2017 qu’elle intègre l’école de guerre, cette formation commune à toutes les forces armées, nécessaire pour intégrer un groupement de l’importance de celui de la Vendée. « Le département était sur ma liste de vœux. Cela fait deux ans que je suis ici. Dans un an, je ferai mes valises… ». Son arrivée à la Roche sur Yon a été marquée par la remise de la Légion d’Honneur. « C’est mon papa qui me l’a remise. Lui-même l’avait reçue de son père qui était reporter de guerre dans la Légion. Cette transmission était un symbole fort sur le plan familial, émouvant. Il y avait de la fierté de part et d’autre. Mon père et moi étions heureux de cette transmission ».

Se consacrer à ce métier est-il compatible avec celui de maman ? « Je suis contente d’avoir réussi à fonder une famille, d’avoir réussi à tout cumuler. J’ai trois enfants et je fais en sorte qu’ils choisissent le métier qui leur plait. Ils ne seront pas gendarmes. Pas grave ».

Le sport occupe également une place à part chez Véronique. « Ça me trottait dans la tête depuis un moment. Mon défi en arrivant ici était de faire l’Ironman des Sables d’Olonne, ce que je viens de réaliser. Je me vide le cerveau quand je nage. C’est moins le cas sur le vélo ou en courant. A l’arrivée, j’étais submergée par l’émotion et des sensations très fortes. Le sport sert à évacuer les tensions que tu emmagasines par ailleurs ».

Être femme en gendarmerie suscite un brin de curiosité. « Nous sommes 20 % de femmes aujourd’hui. On me dit de temps en temps : vous devez montrer beaucoup plus car vous êtes une femme. Je ne le vis pas comme ça.  Pas plus que la discrimination positive qui donnerait la priorité à une femme plutôt qu’à un homme à compétences égales, même si j’entends qu’on puisse le faire pour aller vers un peu plus de parité. Là comme ailleurs, il faut être juste ». Véronique n’est pas du genre à jouer le mode de la séduction, ou au contraire à être plus stricte, pour gagner son rang de femme responsable. « La compétence avant tout. Je veux juste qu’on ne me compare pas avec les hommes ». Il faut aussi combattre les à priori. « Gérer les grossesses pendant une carrière n’est pas si simple, comme dans tous les métiers à responsabilité ».

Véronique semble intarissable sur les richesses que lui procure son travail. « Je vis des expériences incroyables, qui me font découvrir beaucoup de gens extraordinaires. Je pense que je donne beaucoup de ma personne, je prends tout à cœur. Mais les gens te le rendent puissance 10 ». Être utile aux gens est son leitmotiv. « Même dans un état-major, quand je me bats avec les tableaux Excel, je me dis que je suis au service de ceux qui sont sur le terrain ».

Son regard sur l’évolution de la société soulève quelques interrogations. « Il y a seulement 2 ou 3 ans que je ressens ça, mais quelquefois, je m’interroge sur le monde qu’on laisse à nos enfants. Tout s’accélère, tout semble se compliquer. Je leur en parle beaucoup pour qu’ils gèrent au mieux cette pression externe qui conduit parfois au burnout. La machine s’emballe, les réseaux sociaux font illusion. Ce n’est pas ça la vraie vie. Il faut prendre le temps de se poser, d’échanger. Le Covid accentue des comportements individualistes et créé des tensions entre les gens. Ça m’inquiète un peu ».

Femme de tempérament, Véronique n’en est pas moins généreuse. « Ma préoccupation quotidienne, c’est que mes gendarmes puissent bien travailler. Notre mission est de faire respecter l’ordre public, mais on ne rentre pas en gendarmerie pour verbaliser. Notre motivation est d’aider les gens, de venir au secours des victimes de comportements illégaux. On est là d’abord pour ça ».