Depuis sept ans, Séverine s’échappe de la région parisienne pour venir à Poupet. « C’est mon bol d’air estival ». Le reste de l’année, elle le consacre principalement à sa fille et à son travail. Elle a été confrontée au deuil de son conjoint en 2014. « Quand ça m’est tombé dessus, j’ai cru que j’étais la seule à qui ça arrivait… Mais non, il y a beaucoup d’autres situations comparables, voire pires ». Elle considère que cette épreuve l’a aidée à se construire. « Et puis je n’avais pas le choix. Il fallait que je tienne pour ma fille ».

Elle parle de ce coup dur aujourd’hui avec sérénité. « Ça n’aurait pas été le cas il y a quelques années. Mon rêve à l’époque était d’être maman. J’ai galéré des années et quand j’ai réussi, j’ai perdu mon conjoint. Un bouquin trouvé par hasard à la FNAC m’a beaucoup aidée ». La lecture est sa thérapie. « On éprouve vraiment de drôles de sentiments dans une telle situation. C’est la lecture qui m’a permis de comprendre que certaines de mes réactions étaient normales. Ça m’a soulagée ». Aujourd’hui Séverine relativise. « Ma fille grandit en bonne santé. Nous avons un appartement. Mon travail me plaît ».

Son job consiste à faire de la veille économique sur le marché de l’emploi intérimaire. « Après une école de commerce, j’ai débuté dans la gestion de bases de données. Puis j’ai travaillé quatre ans dans un institut de sondage, mais pour aller bosser mon temps de trajet était de deux heures. Je n’en pouvais plus. Je recherche alors un travail intérimaire plus confortable, et là je tombe sur une annonce pour un poste de statisticien confirmé sur le site web de l’agence d’intérim. Je tente ma chance. Mon recruteur de l’époque est toujours mon boss aujourd’hui. Le métier me plaît. Je n’envisage pas de  faire autre chose, surtout dans le contexte actuel ».

Séverine a grandi en région parisienne mais elle envisage à l’avenir rejoindre ses parents qui habitent dans le Nord à Berk. « Là où j’habite c’est tout près de la campagne, mais ça reste la région parisienne ». La conséquence du confinement ? « Peut-être ? Aujourd’hui le télétravail permet d’envisager l’organisation personnelle différemment ».

Outre la lecture, la musique est essentielle pour Séverine. « Depuis longtemps j’aime beaucoup Vanessa Paradis. Sans être groupie (je l’ai été au départ), je suis admirative de la femme qu’elle est devenue. A chacun de mes coups durs, je l’ai retrouvée sur mon chemin, avec un nouvel album par exemple ». Un festival comme celui de Poupet, dans un cadre baigné de vert est pour Séverine une belle parenthèse, surtout qu’elle y retrouve Marlou une de ses meilleures amies.

Bien qu’elle soit aujourd’hui apaisée, certaines situations l’agacent. « J’ai été directement confrontée au racisme car mon conjoint était d’origine guadeloupéenne et mauricienne. C’est humiliant ». Elle déplore la violence, « celle dont sont victimes les femmes notamment ».

Le matin avant d’aller au travail, Séverine aime marcher. « Ce coin de verdure de Poupet rassemble tout ce qui me fait du bien : la musique, la nature, les amis… Ici, je ressens une bienveillance incroyable. C’est ma référence ».