S’il y a un homme en qui on doit avoir confiance lors d’une traversée maritime, c’est bien le capitaine de navire. Jérôme a d’abord été pêcheur depuis l’âge de 15 ans, et ce, pendant 30 ans. Puis sa compagnie a vendu ses bateaux. « J’ai continué à naviguer pour la pêche quelque temps. Puis j’ai voulu voir autre chose ». La navigation de croisière l’attire, et en 2021, il assure pour la première année les liaisons inter-îles vendéennes.
« Pour le moment, je n’ai jamais connu de frayeurs lors d’une traversée, et ça ne m’inquiète pas. J’ai connu des situations plus compliquées à la pêche, sans jamais penser pour autant que ma vie était en jeu. Je me souviens d’une pêche au thon en Ouest-Irlande où nous avons pris un gros mauvais temps. Ça secouait très dur. On ne faisait pas les fiers. Il fallait laisser passer, mais il n’en fallait pas plus ! Je me souviens aussi de gros temps dans le golfe de Gascogne. Nos lieux de pêche allaient de l’Irlande au sud d’Hendaye ».
Y a-t-il une tradition maritime dans la famille ? « Pas du tout ! Mon père était menuisier, ma mère couturière. Petit, le dimanche on allait souvent se promener sur les ports. A Saint Gilles notamment. Ça me faisait rêver de voir ces bateaux prendre le large ».
Jérôme est célibataire. Être marin c’est accepter de vivre au large, un peu coupé du monde. Même si aujourd’hui on peut suivre l’actualité sur le bateau. « Les virées les plus longues ne dépassaient pas 15 jours. Le plus souvent c’était à la semaine. À la sardine ou à l’anchois, on fait de la pêche à la journée. Comme c’est un poisson assez fragile, il faut le débarquer tous les jours ».
Aujourd’hui son métier c’est d’emmener les touristes ou les résidents vers l’île d’Yeu. « Le plus souvent je suis en passerelle, concentré sur la traversée. J’échange avec les touristes lorsqu’ils s’installent sur le bateau, ou à l’arrivée ». L’ile d’Yeu attire beaucoup de monde. « La saison s’annonce assez intense ! »
Le monde maritime le pousse-t-il à avoir de l’admiration pour les navigateurs du Vendée Globe ? « Pas plus que ça. C’est leur truc ! Moi, quand je ne suis pas en mer, c’est le vélo ou la marche à pied. J’aime bien me balader. J’ai aussi envie de voyager. Autant je connais la façade atlantique et la Manche, autant la France de l’intérieur reste à découvrir. Avant la pêche m’accaparait. Aujourd’hui, je peux trouver un peu plus de temps pour moi ».
Jérôme parle de la pandémie comme d’une fatalité : « Personnellement la pandémie ne m’a pas perturbé. On est obligés de composer avec. Je pense que ça n’est pas terminé ; on a un juste un petit répit avec l’été. Je crains de nouvelles mesures à l’automne. »
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