Petite fille de cap-hornier, Monique aurait aimé être marin pêcheur, vœu impossible à réaliser il y a 50 ans. « Aujourd’hui encore, il y a très peu de femmes marins pêcheurs ». Avec le recul elle regrette un peu ne pas avoir travaillé dans le milieu maritime. Regrets relatifs puisqu’elle mesure avec bonheur toutes les joies qu’elle a connues par ailleurs, notamment lors de ses voyages.

Monique a beau dire que les histoires du passé sont passées, l’évocation du grand-père fait briller ses yeux. « Il embarquait à Nantes et partait pour 5 ou 6 mois sur les côtes du Chili ramasser le guano (fientes de goélands) destiné à être transformé en engrais ». Elle a les maquettes du bateau sur lequel il naviguait. « Quelle époque ! ». Bien qu’ayant travaillé sur Nantes comme assistante logistique, elle reste « attachée à son rocher ». Cet héritage l’a emmenée vers d’autres aventures dont elle garde de merveilleux souvenirs.

« Passer une nuit à la belle étoile sur le cratère du Stromboli qui crépite reste un souvenir gravé à jamais. A la différence d’aujourd’hui, nous n’étions pas obligés d’avoir un guide. L’autre grand souvenir, c’est le séjour dans le grand nord canadien, chez les Cris -communauté amérindienne-. Peut-être la nuit la plus fantastique de ma vie avec une aurore boréale qui est apparue. La bouteille de bordeaux y était pour quelque chose aussi. Je ne demande pas plus à la vie »

Si Monique avait été marin pêcheur, elle n’aurait probablement pas vécu ces expériences. « J’en aurais connu d’autres. Mais clairement, je suis si bien avec mes amis et ma famille ici que je n’ai pas de regrets. Je suis très heureuse de mon sort ». Avant d’ajouter : « Je suis optimiste naturellement. Même si ce monde est compliqué, je crois en un monde meilleur. Avant il y avait d’autres maladies, on vivait moins vieux, on travaillait dur… Je crois que demain sera encore meilleur qu’aujourd’hui ».

Et cette joie de vivre, Monique l’exprime à travers la musique. « Je partage mes découvertes musicales avec mes amis. J’écoute, mais j’aime surtout partager. Il y a quelques années, j’ai vécu des concerts extraordinaires, dans la fosse, avec Manu Chao ou Thiéfaine. Aujourd’hui je m’y vois moins ». Elle aime lire. « Madame Bovary, j‘ai relu au moins dix fois. A chaque fois je l’interprète différemment ».

Une autre occupation prend une place importante dans la vie de Monique, ce sont les soirées à reprendre les chants de marins, ceux de ses grands-pères et ceux d’aujourd’hui. « On est heureux ainsi ; on est heureux ici ! »