C’est au cœur d’une usine désaffectée que s’est installé le Pôl’Art à Saint-Laurent-sur-Sèvre, au bord de la Sèvre Nantaise. Un endroit rêvé et propice à l’imaginaire de l’artiste photographe Alexandra, installée ici depuis 2 ans. Le concept du lieu est d’associer un appartement et un atelier pour des artistes auteurs ou artisans d’art. « Je peux ainsi travailler à mon rythme, avec les horaires qui me conviennent ».

C’est en quelque sorte un creuset propice à la création : « On développe beaucoup plus son travail artistique ici. Moi je suis maman. Le fait d’avoir mon fils avec moi tout en ayant le travail à proximité, c’est top ! Avec tous les voisins, il y a une espèce d’émulation qui est très profitable. On partage beaucoup d’idées que ce soit dans notre vie professionnelle ou dans notre vie personnelle. On a un petit jardin partagé ». Avant d’ajouter : « J’ai découvert tout ça en arrivant ici. De temps en temps si on a besoin d’un petit coup de main, on appelle dans le couloir. Il y a toujours quelqu’un pour venir t’aider. On peut aller prendre le goûter les uns chez les autres ; on échange. Ce sont des moments très sympas. Et s’il le faut, je peux m’enfermer dans mon atelier pour travailler tranquillement ».

Alexandra a découvert la photo à l’âge de 12 ans. « Mon papa m’a offert mon premier appareil photo. Lui pratiquait en amateur. Dans le placard de la salle de bains à la maison, il y avait le laboratoire photo. Si je fais de la photo, c’est grâce à ça. Mais j’en vis seulement depuis 20 ans. Dans mon atelier j’ai aménagé un studio escamotable. Ça me permet de travailler tout ce qui est photo intérieure. Je fais aussi de l’aquarelle, du dessin. Je suis issue d’une famille de couturiers et j’aime pratiquer la couture. L’atelier me permet de combiner tout ça ».

« La photo c’est capturer un moment un peu magique. J’aime saisir ces instants sans y toucher, mais je peux aussi les mettre en scène. C’est un arrêt sur image que l’on fait durer. Au départ, de façon égoïste, je garde ce travail pour moi. Avant de partager mes photos, j’ai besoin de me les approprier. Je les digère et je les intègre à leur histoire. Les photos portraits, ce sont des commandes, différentes de la photo d’art. Là le partage est quasiment immédiat ». Elle guette la réaction de ses clients, pour voir s’ils sont satisfaits, un moment assez excitant.

« Je relie mes choix artistiques -principalement la couleur- à ma vie personnelle. Plus jeune, le noir et blanc, c’était aussi un camouflage. Quand je me suis vraiment affirmée en tant que femme, je suis passée à la couleur. J’ai eu une période de ma vie tout en noir et blanc, très contrastée, avec des noirs très profonds. Je n’étais pas forcément en phase avec moi-même ». Aujourd’hui elle s’épanouit en couleur.

« Je suis investie dans la vie associative, l’enfance jeunesse notamment, et dans la vie municipale où depuis mars 2020 je suis entrée au conseil. Je fais partie de la commission culture. Quand on m’interroge sur l’utilisation qu’on pourrait faire d’un lieu, j’ai toujours plein d’idées. La culture permet d’apporter un autre regard sur le monde. Elle complète l’éducation nationale ou l’éducation populaire. C’est autre chose. Chaque artiste va porter son regard sur le monde. Se cultiver est une quête permanente. Je suis quelqu’un de très ouvert sur le plan de la culture ».

L’écriture répond à un besoin de mettre de la poésie dans son monde. « Je me sens agressée par un langage brutal que ce soit à la télé ou même par les gens directement. On ne prend plus le temps de bien dire les choses, d’arrondir, de faire des belles phrases. J’ai donc envie de poésie ».

Depuis un an et demi, les expos c’est compliqué. « J’expose un peu partout en France quand je peux trouver. Il m’est même arrivé une fois d’exposer à Saint-Pétersbourg en Russie. Grâce à une rencontre avec une peintre russe ». Une reconnaissance amplement méritée !