De l’aiguille d’infirmière à la plume d’auteure, il y a les mots. Ceux posés sur d’autres maux ou ceux qui véhiculent l’imagination, à travers un conte ou une nouvelle. Stéphanie a dû se résoudre à composer avec une maladie peu connue, le syndrome d’Elhers-Danlos. N’ayant plus la possibilité d’exercer son métier de soignante, c’est par l’écriture qu’elle s’épanouit aujourd’hui.
Son activité d’écrivain public l’amène à écrire pour les autres et avec les autres. Pour rédiger un courrier ou compléter un dossier. « En les écoutant, j’essaie de comprendre ce qui peut les bloquer. Mais je fais en sorte qu’ils formulent eux-mêmes leurs phrases, qu’ils trouvent leurs mots. Je garde un peu de mon identité d’infirmière que j’exerce différemment, en essayant d’apporter les mots justes pour décrire des situations qui sont de temps en temps de véritables combats ». Ce n’est pas toujours aisé de faire comprendre à l’administration les conséquences du handicap dans la vie quotidienne, surtout quand on reçoit un refus perçu comme une profonde injustice. Il faut alors se battre. Dans un dossier, les mots pèsent de tout leur poids.
Très tôt, Stéphanie a voulu être infirmière. Pour soigner. Après ses études à Paris, elle intègre l’équipe des Urgences d’un centre hospitalier. « Ça me plaisait vraiment d’arriver à un objectif que j’avais en tête depuis toute petite. J’avais la confirmation que j’étais capable, moi qui ai parfois un déficit de confiance en moi ».
Ensuite, la maladie s’est introduite dans son existence, après la naissance de ses deux premiers enfants. « Je l’ai aggravée en la niant dans un premier temps. Il fallait le temps de l’acceptation. Je me suis adaptée en ne vivant plus à la même vitesse qu’auparavant, en réduisant mes efforts et en suivant la prise en charge inhérente à cette maladie. Lors d’une de mes hospitalisations, je n’ai pas trouvé le livre support qui permette d’expliquer à mes enfants pourquoi maman va à l’hôpital ».
C’est ce qui l’a incitée à écrire ‘l’accident de papa’. « L’écriture n’est pas mon métier initial, certes. J’ai pris des cours dans un atelier d’écriture et j’ai beaucoup appris auprès de Yves Suaudeau, l’animateur ».
Au moment de chercher comment l’écriture pouvait lui permettre de se réinvestir dans le retour à l’emploi, le maire de son village lui a proposé des remplacements au service postal de la commune. « Je m’y suis adaptée très vite. Toutefois, j’étais de plus en plus sollicitée par des étudiants pour leur mémoire ou par des particuliers pour élaborer un courrier ou apprécier la qualité d’un texte. Je me suis dit : pourquoi ne pas créer une activité autour de ces services ? Pôle Emploi et BGE m’ont encouragée et soutenue dans ce projet ».
L’écriture lui a ouvert une grande porte : « Je me réalise totalement aujourd’hui, comme à l’époque où j’étais infirmière. J’écris aussi pour publier. Cette démarche d’auteure conforte l’expérience que je mets au service des autres. Le livre publié en autoédition est repris par une éditrice, ça donne confiance. Plusieurs projets de publications sont en cours, autour de nouvelles ou du conte, en collaboration avec d’autres personnes, une calligraphe notamment. Les échanges que cela provoque sont extrêmement riches ».
Pour écrire, l’inspiration est essentielle. « C’est moins de 10% du résultat final. Le reste, c’est le travail : élaborer l’intrigue, construire les personnages, reprendre le texte, trouver la place du mot dans la phrase…Je suis très exigeante. Il y a aussi les écrits qui restent en attente, sans être perdus pour autant ».
En dehors de l’écriture, Stéphanie s’occupe de ses trois enfants. « Je les aime tellement ! Je leur ai transmis le goût de la lecture ». Elle aime la nature et les animaux, le cheval en particulier. « Même si la balade me demande beaucoup d’efforts, c’est important ».
« J’ai cette sensibilité très fine qui me permet d’être touchée par le monde qui m’entoure. C’est ce qui m’anime quand j’écris ».
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