Il se trouvait à l’étroit dans un bureau d’études. Alors, il a choisi de respirer le grand air au milieu des prés. Pierre-Marie est formel : « Le métier d’agriculteur nécessite plus de compétences que celui d’ingénieur ! ». Son parcours est atypique. Il suit d’abord un cursus pour être ingénieur en automobile avant de prendre un virage à 90 degrés dans une ferme familiale. « Passer d’un statut d’expert à celui d’apprenti » un pari de près de cinq ans, loin d’être irréfléchi !

C’est en observant son cousin, 8 ans plus âgé, que Pierre-Marie a tracé sa voie : « Manu était l’aîné des cousins, alors j’étais admiratif ; je voulais tout faire comme lui ». Comme son cousin, il passe par Saint Gab’. Ses professeurs l’encouragent à poursuivre. Féru de l’apprentissage « la meilleure école ! », il alternera entre l’ICAM et la société Lucas à la Verrie où il fait ses classes. Diplôme en poche, on lui propose un CDI : « Pendant 3 ans je me suis éclaté. J’étais rattaché au bureau d’études. Puis on m’a proposé de développer un robot d’alimentation, une riche expérience où en tant que chef de projet, je suivais le processus de A à Z. J’étais un ingénieur avec un PC et une caisse à outils. J’allais dans les fermes, en France et à l’étranger. J’ai adoré, et déjà, je me trouvais bien dans les fermes… »

Durant toute sa formation, il y a une discipline qu’il ne néglige pas « c’est l’anglais ! Indispensable pour le métier, mais également pour voyager. Pour tout en fait. Je transmettrai l’importance de l’apprentissage de cette langue universelle à mes enfants ». Il passe 3 mois à Cambridge dans l’armée du Salut : « une expérience doublement bénéfique, pour la langue et la découverte de la culture anglo-saxonne ».

« J’ai rencontré Audrey dont les parents étaient agriculteurs. Ça m’a permis de vraiment découvrir ce milieu qui n’était pas celui où j’ai grandi. A table on discute d’une perspective d’installation au sein de l’exploitation, d’abord sur le ton de la boutade, puis beaucoup plus sérieusement. Mon beau-père Claude était à quelques mois de prendre sa retraite. Gaëtan mon beau-frère est déjà installé. Mais moi, j’avais tout à apprendre ! ». La décision est prise, il se lance dans le BTS agricole qu’il décroche. « Ceux qui me connaissaient bien n’ont pas été surpris de ce nouvel engagement. Peut-être que mes parents ont éprouvé une petite inquiétude… tout en m’encourageant ? ». Pierre-Marie le jeune agriculteur débute sur la ferme en août 2020 pour une installation effective le 1er avril 2021, le jour de la naissance de son fils Antonin : « J’ai passé mon 1er jour d’exploitant à la maternité ».

« Le milieu agricole n’est pas figé. Il est soumis aux aléas climatologiques, politiques…C’est surtout le monde du vivant avec les animaux qu’il faut soigner ». Rien à voir avec le cadre structuré d’un bureau d’études. « C’est un métier qui suppose une adaptation permanente dans un environnement complexe et passionnant. J’en suis au tout début. J’ai beaucoup à apprendre. Passer du mode expert à apprenti n’est pas neutre vis-à-vis des enjeux économiques et familiaux ». Pierre-Marie observe sa boussole selon un équilibre subtil entre trois sphères : la famille, le travail puis la dimension sociale. « Ce dont je suis le plus fier aujourd’hui, c’est ma petite famille. Il y a également la grange réhabilitée en maison d’habitation qui m’a demandé près de 2 ans de boulot intense, au point que j’ai ensuite accusé le coup, tant sur le plan physique que psychique. Mais le résultat est à la hauteur. Le troisième pilier, c’est mon parcours professionnel. Je sais que cela suscite quelques curiosités ». Après avoir adoré son job d’ingénieur, il s’éclate dans son nouveau métier. Il passe aussi beaucoup de temps à aider ses proches : « C’est le renvoi d’ascenseur. Eux m’ont aidé durant la réhabilitation de la maison ». Si ses engagements actuels puisent énormément d’énergie, il est tout sauf indifférent aux autres : « Peut-être qu’un jour je m’engagerai au sein d’un conseil municipal ? ». Pour le moment, il attend sur fond de pandémie le jour où on va pouvoir dire ‘Go’. Et lui dira : « Go, go, go avec les cousinades et rencontres avec les amis. Ça me manque ! »