Corinne baigne dans le monde de la musique depuis toute petite. « C’est quelque chose d’essentiel pour moi. Sans musique je dépéris ». Elle en a fait l’expérience en essayant de vivre sans. « Je commençais à plonger. La musique m’a vraiment servi de thérapie. C’est ma façon d’être au monde ». Et pour Corinne, c’est aussi un vecteur, un pont, pour être en relation avec l’autre.

Quand elle est enfant, on décèle chez elle des qualités au piano. « J’ai intégré le conservatoire de Nantes et poursuivi mes études dans la musique. Elle ne m’a ensuite jamais quittée. Elle est ma plus fidèle amie, ma nourriture. Sans elle, je suis perdue ».

Corinne a beaucoup travaillé dans des écoles de musique, mais elle préfère les cours particuliers. « Ça me donne l’occasion de mieux connaître les gens ; c’est une vraie rencontre qui permet de percevoir tant les richesses que les fragilités chez l’autre. Pour un enfant, la musique donne la confiance, révèle. Pour un adulte, cela peut être une échappatoire. Pour une personne âgée, c’est aussi la possibilité de se lancer de nouveaux défis, de continuer à exister ». Selon Corinne, il n’y a pas d’âge pour l’apprentissage. « Se confronter à ses peurs, ses doutes, à soi-même en quelque sorte, c’est très nourrissant ». Elle essaie d’être la personne bienveillante qui accompagne ces moments assez intimes. « Je vis la musique et son enseignement un peu comme une mission ».

« Alors que ce monde est trépidant, voire trépignant, nous on est dans la lenteur. Un cours de musique, c’est un moment privilégié où on s’autorise, où on décompresse. C’est le lâcher prise. J’en fais une mission de ré-étirer notre rapport au temps. On est en train de s’aliéner avec ce rythme effréné. La musique c’est l’occasion de reprendre possession du temps. D’être. De vivre le présent. Au moment même où on joue de la musique on est dans l’instant, on n’a pas le choix ». Corinne pense ne pas avoir besoin d’aller faire de la sophrologie. « Ou plutôt je la fais ou je la pratique de façon plus ou moins consciente. La musique passe aussi par la respiration ».

Corinne écoute des musiques très variées, beaucoup de musiques du monde, du classique Chopin, Debussy, Satie…. « J’ai de plus en plus de prédilection pour les musiques contemplatives de Ludovico Einaudi et j’aime aussi bien l’univers sensuel d’Astor Piazzolla ou dansant de Didier Squiban. Disons que je suis moins rock ou variété ».

Elle aime beaucoup la montagne, la randonnée, autres sources de contemplation et d’émerveillement. « La nature me parle, bien évidemment. Ce qui me désespère le plus ? L’avidité de ce monde, cette consommation excessive. On vit à cent à l’heure tout en faisant du surplace. C’est une grande illusion. Je suis pourtant dynamique et plus le temps passe, plus j’ai envie de me poser de contempler les choses essentielles. On ne prend pas assez le temps de s’émerveiller, de regarder l’autre, de s’entraider… Tout va très vite pour pas grand-chose »

L’actualité de la Covid revient régulièrement à son esprit. « C’était l’occasion d’une vraie remise en cause. Cela me laisse un peu amère de voir que nous avions les clés pour comprendre, tout au moins nous interroger et que finalement, cela ne va pas changer le cours des choses ». Et si on remettait un peu de musique ?